Ceci est une histoire arrivée près d'Edoras à une jeune femme nommée Elhylde.Le char du soleil terminait sa course derrière les plaines, et un drap d’étoiles recouvrait peu à peu la voûte bleue du ciel. Assise dans sa chambre à l’auberge, Elhylde, fille d’Eldras, apportait la dernière touche à sa robe quand elle jeta un œil à la fenêtre. Elle devait faire vite, on l’attendait sans doute déjà dans une petite maison non loin de là. Elle se para de ses plus beaux atours et replaça son épaisse chevelure rousse.
Elle sortie des palissades rassurantes d’Edoras pour parvenir à une petite maison qui se trouvait à quelques pas seulement de la grande porte. Elle s’approcha de la demeure et allait cogner à la porte, mais Gelrond la rejoint avant qu’elle pu heurter son poing contre la surface lisse du bois.
- Je m’éloigne un instant de ma maison et c’est là que vous arrivez!
Elle lui sourit et ils entrèrent ensemble dans la chaumière formée d’une seule et vaste pièce. Les meubles, confectionnés par le Rohir, étaient splendides, mais l’endroit avait tout d’une garçonnière. Certes, l’alcool ne semblait pas manquait ni les sièges confortables pour s’y asseoir et Elhylde admira le mobilier soigneusement confectionné et surtout le bois de saule dans sa pâleur lunaire. Les eux Rohirrim mangèrent et burent copieusement et la discussion dériva sur le métier de la jeune femme qui s’empressa de montrer son savoir-faire en confectionnant des bracelets pour son hôte. Il lui offrit en retour un superbe bâton de ce bois blanc qui fascinait tellement Elhye et, ne pouvant être en reste de tant d’hospitalité, elle décida de lui faire un second présent pour décorer l’intérieur si masculin du menuisier.
Voulant s’essayer à manier le bâton ouvragé, la jeune Rohir manqua de tout renverser dans la demeure et décida, par prudence, d’aller s’entraîner dans son art guerrier à l’extérieur. C’est là que Gelrond, l’ayant suivie pour l’observer, remarquant un majestueux cheval noir qui se baladait le long du mur de sa maison. C’est à maintes reprises que l’homme tenta d’approcher l’animal, par surprise ou encore à l’aide de fruits, mais ce fut toujours sans succès. Elhylde l’avait observé un moment, mais avait surtout concentré son attention sur le superbe animal et avait décidé de s’éloigner un peu, se rapprochant d’un champ de coton. Elle se mit à fredonner un peu, comme elle le faisait sur la femme de son père, lorsqu’elle voulait apaiser un animal, elle qui était si peu habile avec les êtres à poils ou à plumes.
Sa voix claire et juste s’éleva dans l’air frais du soir tandis qu’elle frottait le gazon déjà humide de ses chaussures.
« Le ciel était noir, et la brume épaisse
Y’avait du frimas, au bord des falaises
Sur l’île, des corneilles, long le foin de mer
Et dans mes oreilles, le bruit de la mer
Je l’ai vu venir, sa voile était blanche
Bleu comme un saphir, une masse étrange...
Là-bas sur les flots
La mémoire des eaux
Là-bas sur les flots
La mémoire des eaux... »
Le superbe destrier s’était approché de la jeune femme qui chantait, par curiosité sans doute ou par fascination pour la mélodieuse balade qui sortait du seuil de ses lèvres et qui s’envola dans la pénombre. Il alla même assez prêt d’elle pour tenter de goutter un plan de coton qui lui laissa une désagréable surprise et après avoir écouté la Rohir encore un moment, satisfait, l’animal s’éloigna dans la plaine grisonnante en trottinant.
Elhylde, complètement mystifiée, regarda l’animal s’éloigner, sentant presqu’encore la chaleur de la bête qui l’écoutait si près. Elle regarda les plans de coton là où l’animal s’était approché et cassa une branche où des bouts de crin s’étaient emmêlés. Elle glissa le précieux objet dans son sac et retourna auprès Gelrond qui semblait presque aussi fasciné que le cheval noir. Ils avaient encore discuté, lui et la jeune femme dans l’air humide du début de la soirée et dans sa bienveillance, ou alors peut-être espérait-il quelque dénouement auprès de la jeune dame, mais Gelrond lui offrit un jeune étalon, que dans son excitation, Elylhde s’empressa de lancer au galop dans la plaine.
Alors que le vent frais fouettait son visage et que ses talons martelaient les flancs de l’animal courant à vive allure sur l’herbe, Elhylde aperçu au loin une forme blanche, qui courrait aussi, légèrement comme l’air. Elle suivit la silhouette et parvint jusqu’à un arbre qui surplombait une tombe. Là, la silhouette flottante et gracieuse qu’elle avait vu et suivie, s’avéra être un second cheval, pâle comme la surface lustrée d’une perle, fier et noble symbole des Rohirrim : un Meara. Le cheval fixait avec intensité la pierre de la tombe, quand Elhye mit pied à terre. Silencieusement, elle retira ses bijoux, sa jolie robe et ses chaussures et posa son sac par terre, s’avança, vêtue de ses jupons uniquement vers le cheval à la si pure robe.
Elle s’assit sur le sol humide et se remit à fredonner, une chanson différente cette fois de ce qu’elle avait chanté pour le cheval noir. De nouveau, l’animal s’approcha doucement. Le Meara hennit et s’ébroua après avoir écouté un instant la jeune femme et s’enfuit au galop dans la nuit qui était maintenant bel et bien arrivée. Elhylde se releva et sans même prendre la peine de revêtir sa cape ou ses chaussures sauta en selle et poussa son cheval à galoper vers les lumières de la cité, en jetant un dernier coup d’œil attristé vers les plaines redevenues paisibles.