Auteur : Ted Nasmith
 

Un défaut sur la lice

Démarré par Thorandil, 2011-02-22, 17:43:17

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Thorandil

Saltimbor rentra tard le soir à l'atelier. Affichant le sourire de l'homme dont la semaine avait été un franc succès, il ouvrit doucement la porte, prenant soin de ne pas réveiller son père, Saltor, qui devait dormir dans la pièce d'à côté. Sur le comptoir, il lâcha sa bourse, lourde et ronde, signe d'une affaire bien conclue.

Alors qu'il tranchait une pomme avant de s'endormir pour la nuit, le plancher craqua au fond de la pièce. De ce même fond de pièce, la voix dure et posée de son père résonna:

Saltor: Tu crois que tu vas t'en tirer comme ça?

Le vieil homme alluma une chandelle qui éclaira son visage crispé de colère.

Saltimbor: Qu'est-ce qu'il y a? L'eau sur le feu? Je l'ai oubliée, et puis après...

Saltor: Si ce n'était que ça. Ta vente n'est pas passée inaperçu. Tu sais tout le remou que ça a causé?

Saltimbor: Rho, allons, tu m'as dit toi même que tous les profits étaient les bienvenus... Et puis le magasin d'Annuminas, il va se payer tout seul, peut-être?

Ahurit par la réponse de son fils, le vieux agrippa une affiche sur la table, une de celles qui avaient provoqué tant d'émois dans la région et qu'il avait récupéré sur un mur avant qu'elles ne fussent retirées.

Saltor: Tu vois ça!? Je t'avais dit de faire attention. Le culumalda, ce n'est pas une mince affaire! Tu vois,
tu vois bien?

Il secoua violement l'affiche, qui était maintenant aussi fripée et tremblante que le cou du vieux bonhomme.

Saltimbor: Je n'avais pas le choix! Un prix comme ça, on n'en voit pas souvent.

Saltor: ÇA SUFFIT! Tu es incapable de faire quoique ce soit comme il faut! Tes flèches, elles étaient croches et humides! Elles se briseront dans les feuilles des arbres! Tu ne reprendras pas le commerce, jeune homme. Tu ne reprendras pas mon entreprise comme ça, et tu te feras vivre toi-même.

Il alla jusqu'à la porte et l'ouvrit. Pendant ce temps, bouche-bée, Saltimbor réfléchissait, ne comprenant pas en quoi ce qu'il avait fait pouvait être si grave. Quelques bouts de bois, une bourse, et il n'avait suffit que d'une mauvaise langue pour que tout dégénère.

Saltor: Prends tes affaires et pars. Désormais, tu vole de tes propres ailes. Je ne t'aiderai pas à t'établir là-bas, à Annuminas. Je devrai déjà essayer de réparer et de compenser tes erreurs ici.

Saltimbor: Si c'est comme ça, soit. Mais tu verras bien. Je te montrerai. Je te montrerai que je ne suis pas un bon à rien, et que je sais gérer un commerce. Je te montrerai!

Sur ce, il ne ramassa que sa bourse et un manteau, sans oublier la pomme qu'il venait de préparer, et quitta la maisonnée, fumant de colère et d'impuissance. Une fois qu'il fut sorti, le vieux soupira par l'entrebaillement de la porte:

Saltor: Tu reviendras quand tu auras changé... Je ne veux pas de toi ici comme ça...
Saltimbor, Garde du Gondor