Faute de chevalier de tutelle, la missive est adressée à la chevalerie. La jeune fille espèrait que le premier chevalier y jetterait un oeil mais c'était de l'ordre de la gageure. Le ton est extrêmement factuel.
Messires,
Cette missive afin de porter à votre connaissance des événements auxquels j’ai été mêlée et dont il existe un risque non négligeable qu’ils en viennent bientôt à concerner les Falas.
Il semblerait que la bourgade de Linhir soit depuis peu en butte à des attaques répétées. Pour en avoir été témoin et avoir du repousser les assaillants, je sais que les gens qui s’y sont livrés sont des paysans. L’hypothèse de bandits déguisés pourrait être avancée si je n’avais pas moi-même perçu la totale inexpérience des assaillants. Ce fut un bain de sang, hélas inévitable. Le chef des assaillants semblait exciter les autres, tout en prenant soin de se tirer hors de danger. Je le crois un dangereux manipulateur.
Ayant à enquêter sur les agissements d’Osilth et l’insurrection étant assez son style, j’ai pris la liberté d’interroger une paysanne qui avait commis l’imprudence de venir sous les remparts après la bataille. Bien que non armée, elle a bien failli se faire cribler de flèches.
Malheureusement, cette femme ayant eu le choc d’apercevoir le corps de son mari parmi les assaillants, elle s’est jetée sur la lame d’un de mes compagnon dès qu’elle l’a pu. Je n’ai pu tirer de cette malheureuse en état de choc ni le nom du chef, ni la confirmation de mes soupçons sur Osilth. Elle m’a cependant fait part du désespoir des paysans de la région qui seraient, selon eux, écrasés de taxes trop lourdes. Mais elle m’a surtout fait une déclaration inquiétante, si elle se confirme. Celle que des gens de Calembel seraient recrutés par les insurgés. Qu’Osilth soit ou non à l’origine de ces attaques, les Falas seraient donc concernés. Et le risque d’extension du phénomène n’est pas à négliger..
J’ai demandé au seigneur Bran de Linhir des éclaircissements sur cette affaire. Il ne semble pas penser que les taxes posent problème. J’ai cependant argué qu’une erreur était toujours possible. Il a dit qu’il vérifierait. Je lui ait également fait part de la nécessité de ce rapport et du fait que mon aide lui était acquise en cas de nouvelle attaque.
Je ne vous cache pas que je suis fort mal à l’aise à l’idée de devoir à nouveau verser un sang qui, s’il n’est pas totalement innocent, reste celui de civils et de compatriotes dont je peux supputer qu’ils sont manipulés par les véritables criminels.
Respectueusement,
Ecuyère Miya
