Turambar

Rôle-Play - Quatrième Âge => Forum des Backgrounds => Discussion démarrée par: Vénal le 2013-05-08, 12:00:39



Titre: Journal de bord d'un pirate ivre mort
Posté par: Vénal le 2013-05-08, 12:00:39
Menteur. Voleur. Assassin. Pirate. On m'a donné beaucoup de noms au fil des années. Des vrais, des faux. Certains qui m'ont plu, d'autres moins. Cela dit, je suis né Archimandias. Et figurez-vous que j'ai même eu un nom de famille à une époque. J'appartenais à une famille respectée, ajouterais-je. Mais cela n'a plus d'importance aujourd'hui.

Banquier, juge, c'est à ces métiers que j'étais destiné. Tant de professions avec lesquelles je suis en conflit aujourd'hui. Pourtant, je n'étais pas si mal parti ! J'étais jeune, j'étais beau, je savais chanter, lire, écrire, compter, jouer de la musique et réciter des poèmes. J'étais destiné à m'élever au-dessus de la populasse, tous ces pécores aux cheveux couleur charbon parfois à peine lettrés. J'avais les beaux yeux turquoises et les magnifiques cheveux dorés de ma mère, et le sang de Núménór dans mes veines. Qui aurait pu me résister ?

Mais le destin en a décidé autrement. Ou bien est-ce moi qui l'ai fait ?


Titre: Re : Journal de bord d'un pirate ivre mort
Posté par: Vénal le 2013-06-02, 12:58:09
Mon père était quelqu’un de très sérieux. Un peu trop à mon goût. Il avait un don que je n’ai pas reçu : tout prévoir à l’avance. Il arrivait même à prévoir tous les cas de figure pour ne jamais être surpris. Je dois avouer que j’ai toujours respecté et admiré son don, mais je ne l’ai jamais envié. Tout savoir à l’avance retire à mon sens le plaisir-même de la vie.

Toujours est-il qu’il avait tout prévu pour moi. Il avait même décidé de qui je devais épouser. J’étais jeune, beau et cultivé, j’avais toutes les filles d’Umbar à ma botte, et le bougre m’avait promis à la fille d’un de ses riches amis, qui n’avait de beau que ses robes et bijoux. Ce fut notre premier conflit, ma première rébellion contre le pouvoir paternel.
Il me menaça de me déshériter. Si je n’épousais pas cette Déda, je ne devrais plus me considérer comme un membre de la famille. J’ai essayé, je vous assure. Je suis allé chez elle. J’ai tenté de passer outre. C’était au-delà de mes forces.

Il est vrai que j’ai manqué de tact. Je lui ai tout expliqué de manière crue. Elle a pleuré. Son père m’a jeté dehors. Je n’ai même pas osé rentrer chez moi.

J’ai marché quelques heures sur le port avant que quelqu’un ne m’aborde. Grand, large, habillé de rouge. Barbe mal entretenue, cheveux de paille couleur charbon, quelques dents en moins et un cache-œil. Il m’a demandé si j’avais envie de vivre une petite aventure. Je me suis dit que ça ne me ferait pas de mal de laisser Umbar derrière moi pendant quelques temps.

J’ai laissé beaucoup plus que ça derrière moi.


Titre: Re : Journal de bord d'un pirate ivre mort
Posté par: Vénal le 2013-08-18, 17:46:46
J'ai passé plusieurs années à bord du Souffle Ardent. Beau navire, presque aussi beau que le Chien de Mer. Le Capitaine Raggard lui avait donné une couleur rougeâtre, répétant après chaque fond de bouteille l'histoire de sa rencontre avec un dragon, et l'honneur qu'il avait fait au ver en nommant son bateau. Il est très facile de douter que l'ivrogne ait réellement croisé un dragon, mais lorsqu'on connait le bougre on se dit qu'il en aurait très bien été capable. Juste comme ça, pour se démarquer des autres.

Comme Raggard le répétait, nous ne faisions pas de piraterie. La première flèche était toujours tirée dans notre direction. Il s'agissait de "récupération d'objets profitables suite à un combat pour notre défense". Et occasionnellement nous coulions leurs bateaux en chantant des chansons paillardes. Le bon temps.

L'adaptation n'avait pas été si aisée, il est vrai. J'ai eu, par égo, du mal à m'abaisser au rang de parfaits inconnus, en me disant que ma vie n'était désormais plus que de veiller à ce que le bateau continue d'avancer sans couler à leurs côtés. Et puis, j'ai appris à les connaître, et j'ai malheureusement compris que même l'opinion que j'avais d'eux était trop flatteuse. Mais les bougres n'étaient pas méchants, et avec l'habitude leur compagnie n'était pas si désagréable, après tout.

Je crois bien que même coincé sur un navire au milieu de l'océan, je me sentais plus libre que dans les rues d'Umbar.