Auteur : John Howe
 

A l'intention du Sire Estelglin

Démarré par Elsie, 2010-03-08, 22:01:10

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Elsie

Messire,

Suite à notre entretien, je me tiens à votre disposition pour vous remettre mon bracelet. Néanmoins, compte tenu des circonstances, je me tiens également prête à rester écuyère au service du Prince, si jamais celà était nécessaire ou jusqu'à ce que vous me trouviez un remplaçant.

*A cet endroit, l'encre semble plus sombre, comme si l'on avait hésité à écrire d'avantage*

Au cours de cet entretien, des mots sont sortis de ma bouche qui ont, et de loin, dépassé ma pensée. Ce serait pauvre amitié que la mienne si elle ne vous était pas conservée malgré eux, et malgré ma décision.

Miya
"Je ne suis pas vraiment libre si je prive quelqu'un d'autre de sa liberté. L'opprimé et l'oppresseur sont tous deux dépossédés de leur humanité."
Nelson Mandela. Un long chemin vers la liberté
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Eïlenel, fille de Yoni et  de Laegnaur Fizur
145 ans passés à faire suer son monde ^^...
Miya " Une lionne qui se met au service du cygne, ça l'fait ?"
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http://enpointilles.blogspot.com/

Baradon

#1
Estelglin lut le pli dans un soupir. Jamais il n'avait ressenti un tel émoi depuis le choix de son départ d'Annùminas pour la cité du Cygne. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la jeune femme parvenait à percer son armure et à le décontenancer. Tout d'abord, elle était survenue au milieu de nulle part, dans la forêt près de Calembel, alors qu'il finissait de chasser des abords du fleuve un clan de créatures reptiliennes aux tendances belliqueuses.

Il l'avait accueilli non sans une certaine joie de la voir ainsi saine et sauve depuis son retour de mission, mais également avec la gêne de celui qui se sent coupable. Il n'avait pas été la voir lors de sa convalescence, estimant qu'elle ne désirerait pas le voir et il ne savait toujours pas pourquoi elle était partie si fâchée contre lui. Il supposait que cela concernait sa famille et ses propos maladroits quand au titre qu'elle méritait de récupérer, mais il n'en était même pas certain. Elle était si imprévisible... Cela n'empêchait pas qu'il regrettait de l'avoir laisser partir vers Umbar dans un tel état d'esprit. La colère est souvent mauvaise conseillère, même si pour cette petite lionne elle semblait être la source de sa vaillance.

Il avait bien tenté de s'excuser mais là encore elle avait esquivé sa tentative et l'avait de nouveau surpris en lui apprenant l'arrivée de sa soeur à Dol Amroth et pire encore elle lui avait confirmé ses pires craintes: cette dernière était fâchée contre lui et portait dans ses bagages de nombreux griefs qu'il n'avait guère envie d'affronter.

Il réussit tout de même à lui apprendre la bonne nouvelle: le succès de sa mission lui accordait le droit de prétendre à l'adoubement, et là encore elle le surprit, plus brutalement et de manière plus radicale encore que les deux premières fois. Elle refusa cet honneur qui lui était fait. D'abord elle remit en cause son jugement personnel, l'accusant de la favoriser, elle qui avait pourtant dû faire ses preuves deux fois plus que les écuyers masculins. Ensuite, elle affirma que des rumeurs circulaient sur leur compte, comme quoi lui et elle...

Sa colère avait alors explosé. Il était dans une rage qu'il n'avait jamais connu. Balivernes que tout cela! Qu'on remette son objectivité en cause était déjà une accusation qu'il ne supportait pas, surtout qu'il n'était pas le seul à décider, mais qu'on l'accuse de profiter de sa situation d'autorité pour abuser de la confiance d'une jolie femme, cela le mettait hors de lui. C'est malheureusement Miya qui en fit les frais. Mais elle ne semblait pas comprendre l'offense que ses rumeurs représentait pour lui. Elle ne voyait que le règlement qui lui interdisait de faire ce qu'elle voulait et d'accorder son amour à qui elle le souhaitait, sans voir tous les risques que cela engendrait pour l'Ordre. Ce règlement existait pour une bonne raison et le briser reviendrait à donner raison à ceux qui étaient contre les bataillons mixtes de chevalerie.

Pourtant Miya n'avait-elle pas déclaré qu'elle voulait faire ses preuves comme un homme? Remettre en cause ses bataillons mixtes, c'était détruire l'oeuvre de la princesse et repartir à zéro. Même s'il avait surpris cette dernière en compagnie d'un galant et que son coeur souffrait le martyr, jamais il ne souhaiterait que son projet pour le cygne échoue. Mais il n'avait pas su expliquer tout cela à Miya et devant son entêtement, il avait fait preuve d'impatience, et de colère. Il n'avait pas su l'écouter comme il le devait mais l'avait laissé à son refus, en chevauchant le plus rapidement possible pour s'éloigner de ce combat qu'il ne parvenait pas à remporter.

La colère fit place à la tristesse. Des mots violents avaient été échangés et certaines paroles ne peuvent être effacées. Il ne fut donc pas surpris de recevoir cette missive de l'écuyère mais cela accrut sa déception. Comment avait-il pu se tromper à ce point sur son compte? Où avait-il commis l'erreur? Quoiqu'il en soit, il décida de lui renvoyer un message écrit plutôt que de l'affronter une nouvelle fois en face à face, certain que cela ne mènerait qu'à un affrontement stérile une fois de plus.


CitationChère Miya,

Votre choix continue de m'attrister au plus haut point car je me sais en être la cause, tout au moins en partie, mais comme vous le dites si bien, cette décision vous appartient entièrement.

Toutefois, sachez que l'Ordre perdra avec vous l'un de ses meilleurs éléments. Si vous ne me croyez pas moi, je tiens à votre disposition dans les bureaux du palais les appréciations de vos différents instructeurs et la recommandation de la princesse elle-même, ainsi que du prince héritier qui vous aperçut un matin alors que vous vous entraîniez. Peu d'écuyers ont loisir d'avoir l'honneur d'être recommandé par de si prestigieuses personnes mais si je vous révèle cela, c'est avant tout pour que vous soyez assuré que la décision ne vient pas que de mon seul fait.

Vous dites être prête à rester écuyère et si cela peut vous faciliter les choses, je puis exceptionnellement vous recommander à un autre chevalier de tutelle, une femme de bien qui est devenue chevalier paladin elle aussi, malgré tous les obstacles qu'elle dut surmonter. Ainsi les rumeurs qui couraient sur nous n'auraient plus lieu d'être si vous repreniez votre apprentissage avec elle et que vous accédiez à l'adoubement selon ses recommandations et non les miennes. De même, vous n'aurez plus à subir mes maladresses qui semblent tellement vous mettre en colère.

Quant aux mots qui ont été échangé entre nous, sachez que je ne vous en tiens nul grief. Nous étions dans une situation où la confidence était de mise et c'est plutôt à moi de m'excuser d'avoir usé de mon statut dans de telles circonstances et d'avoir brisé là nos échanges. Sachez que je tiens à votre amitié et que j'espère malgré mes erreurs que vous ne vous éloignerez pas de votre destinée dans la chevalerie.

Cependant, si tel était le cas, mon amitié ne vous serait pas retirée pour autant. Il ne me resterait plus qu'à vous souhaiter bon vent.

Puissent les Valar vous protéger du mal.

Sire Estelglin, chevalier paladin

Ce que la lettre ne disait pas, c'est que le chevalier qui avait accueilli une roturière bâtarde dans les rangs de la chevalerie, qui avait du même coup attiré l'attention de certains nobles hauts placés car elle était une femme, et qui avait suscité des jalousies, car elle était douée, risquait de payer cet abandon beaucoup plus cher qu'il ne le laissait entendre. Sa carrière au sein de la chevalerie risquait de marquer un long et sérieux temps d'arrêt et il risquait même de perdre les faveurs de sa chère princesse qui avait placé nombre d'espoirs en Miya.

Elsie

La petite lionne ne savait que penser. Une part d'elle même voulait s'éloigner de la source de sa tristesse. Mais une autre la retenait. Elle n'avait pas encore rendu son bracelet... La réponse la décontenançait.
"Je ne suis pas vraiment libre si je prive quelqu'un d'autre de sa liberté. L'opprimé et l'oppresseur sont tous deux dépossédés de leur humanité."
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Elsie

Un mot fut placé dans le bureau du chevalier...

CitationIl faut que l'on se parle,

Miya


La note avait été rédigée rapidement.
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Elsie

Elle avait longtemps hésité à écrire. Miya avait toujours préféré les face à face. Même quand ils devaient aboutir à des querelles. Elle craignait toujours le malentendu que les mots pouvaient engendrer sans le son de la voix pour les soutenir ou les tempérer. Les mots ont leurs limites. Et les siennes étaient exigües.

Mais elle aussi commençait à craindre la rencontre. Le simple mot n'ayant pas eu de résultats, soit que le chevalier ne veuille pas la recevoir, soit qu'il n'en ait pas le temps, la lettre lui parut la seule option viable. Mais cette fois, il lui faudrait peser subtilement ce qu'elle avait à dire.


CitationCher Estelglin,
Vous me pardonnerez l'usage du prénom, mais c'est à l'ami que je m'adresse et non plus seulement au chevalier, même si j'ai conscience que, dans notre cas, les deux sont étroitement mêlés. Je ne saurais vous dire à quel point cette lettre me coute car la proximité qu'une missive provoque dès qu'elle devient un tant soit peu personnelle me met mal à l'aise.

J'ai cherché en vain à vous voir. Mais avec le temps qui passe, la crainte de ce qui pourrait être dit m'est venue. Il n'est rien que je déteste plus qu'un malentendu. Et il semble qu'entre nous les malentendus soient nombreux. Je tâcherais donc d'être la plus sincère et la plus claire possible, dans les limites de ce que je peux me permettre vis-à-vis de vous.

Mon étonnement, le mot est faible mais j'ai du mal à en trouver un autre,  quand à ma capacité à être adoubée est essentiellement du à ceci : Je ne me sens pas prête. Le décalage entre ce que je ressens quand aux actes qui me vaudrait cet honneur et ce que vous en dites est énorme. Je n'ai en rien eu l'impression de maitriser quoi que ce soit. J'ai du mal à comprendre ce qui me vaudrait d'être distinguée. Le peu de choses sur lesquels je puis exercer un contrôle semble m'être refusé. J'ai l'impression d'être portée  par le courant plus que de maitriser ma vie, mes choix, mon corps.

Vous me dites que je devrais prendre un autre chevalier de tutelle, une femme. Mais cela, je ne puis l'envisager. Je sais que si je quitte la chevalerie, vous pourrez au moins arguer qu'il s'agit d'un choix en rapport avec la chevalerie seule (ce qui est en grande partie vrai) alors que prendre un autre tuteur vous discréditerait vous personnellement. Mon ami, c'est une chose à laquelle je me refuse.  Sois je pars, soit je reste. Mais si je reste, je n'accepterais nul autre que vous pour me guider. Et ce même si nous devons avoir des querelles.

J'en viens au sujet-cœur de cette lettre. Lors de l'éclat que nous avons eu, j'ai eu l'impression que le fait d'envisager de quitter la chevalerie m'attirait votre mépris. Cette idée me fit souffrir. Suffisamment pour que j'ai envie, par colère, de claquer la porte une bonne fois pour toute. Vous semblez me dire que ce n'est pas le cas. Cela change beaucoup de choses. J'ai voulu entrer en chevalerie avec en moi le désir de bousculer certaines lois non écrites. J'y suis entrée en révoltée, avec le désir chevillé au corps de gommer quelques unes des injustices du monde et en particulier celles qui frappent les plus faibles. C'est une idée un peu romanesque, je l'admets volontiers. Vous m'avez fait entrevoir des choses qui me plaisent moins. En un mot, la politique. C'était salutaire. Mais j'ai du mal à me faire, moi, la roturière, à toutes ces histoires de courbettes. Surtout quand par ailleurs je suis confrontée à la possibilité de devoir verser le sang.

Vous parliez de moi comme d'une « future rose ». L'image est poétique. Mais même si je dois servir cygne et rose, je ne serai jamais rose moi-même. Je ne le puis. Je le voudrais fort puisque vous semblez tellement le vouloir vous-même. Mais j'ai en moi trop de choses dont je ne puis parler et qui me paraissent furieusement incompatibles avec cette délicate vision. Il ya des abîmes... Et puis il ya la somme monstrueuse des choses que je voudrais que vous compreniez et que je voudrais que vous ne compreniez pas tout à la fois. Ca, c'est le pire. Mais je ne puis rien vous en dire. Tout ce que vous m'avez dit jusqu'à présent me convainc  qu'il serait préjudiciable à nos rapports et à nos personnes que vous le sachiez. Et pourtant, une part de moi, la plus incontrôlable semble vouloir que vous sachiez.

Voilà. J'en suis là. Je me suis posée la question de si tout ce que je traine devait me faire abandonner. Mais voilà, je crois aux signes. Et j'en ai eu un qui semble me dire que dans la chevalerie réside mon salut. Je ne puis l'expliquer. C'est ce qui fait pencher la balance.

Je termine cette trop longue lettre qui devient confuse, signe que j'en ai vraiment trop écrit. Avec toute mon amitié,
Miya
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Baradon

#5
Il n'avait que par trop fait traîner les choses. Cela relevait pratiquement de l'indécence à ce stade. La jeune fille était clairement en proie aux doutes et son attitude n'aidait en rien. Malgré sa situation personnelle précaire, il se devait de lui répondre et d'en affronter les conséquences. Il prit la décision de tout lui révéler, quel qu'en soit le coût et sa plume coucha sur le papier le résumé de ses dernières semaines, y mêlant une émotion qu'il savait intense, car elle le dévorait de l'intérieur.

CitationTrès Chère Miya,

Vous devez maudire le jour où j'ai choisi d'être votre chevalier de tutelle et me maudire en tant qu'ami, après le long, le trop long silence dans lequel je me suis muré. Votre lettre m'a ému plus que je ne pourrai le dire par des mots et elle n'est en rien responsable de mon attitude, bien au contraire. Ce sont les circonstances qui me l'ont imposé, les circonstances et mes supérieurs, enfin plus précisément une supérieure. Mais je vous dois la vérité en réponse à votre sincérité et je vous la dévoile donc par cette missive.

En réalité, ce silence me fut quasiment imposé, par la même personne qui me suggéra de vous confier à un autre chevalier de tutelle, femme cette fois. Vous aurez compris à qui je fais mention sans que je sois contraint de la nommer. Sachez d'ailleurs que cette femme chevalier est une des roses les plus en vue du jardin. Pour ma part, j'en fus banni récemment. Je soupçonne que ma découverte dont je vous parlai lors de notre dernière rencontre en fut la cause, même si on prétexta mon échec envers vous pour m'évincer.

Sachez que je ne regrette rien à ce propos, si ce n'est mon attitude envers vous. J'ai manqué de clairvoyance et je vous prie une fois encore de m'accorder votre pardon pour mon aveuglement. Je comprends vos doutes car j'en partage de semblables ou tout au moins qui s'en rapprochent. Mais pour survivre dans les eaux du cygne, je les ai fait taire, les enterrant au plus profond de mon être. Chacune de vos remarques était autant de coups de pelles cherchant à les exposer au grand jour de ma conscience et j'ai préféré taire mes atermoiements, préférant vous pousser dans l'action.

Si j'ai eu tort de vous bousculer et de vous proposer un costume qui n'est manifestement pas taillé pour vous, je ne suis par contre nullement trompé quand je vous choisis pour grossir les rangs de la chevalerie. Vous possédez toutes les qualités de coeur et de corps requises par l'idéal du Cygne. C'est pour cela que je vous enjoins à rester et à persévérer, tant pour vous que pour l'Ordre qui perdrait un membre de choix en vous perdant.

Mais à dire le vrai, cette requête présente des accents également forts égoïstes. Au delà du chevalier brillant que vous deviendrez sans nul doute, vous êtes une jeune femme charmante et votre compagnie me manquerait cruellement. Si je suis perdu en ce moment, cela je le sais intimement, comme un phare me guidant dans la tempête. Aussi, acceptai-je de continuer à être votre chevalier de tutelle, si c'est le seul moyen de vous faire rester mais je crains que cela vous porte préjudice.

Votre refus a été compris comme un signe de modestie par le conseil, certaines personnes y ont veillé, et aussi difficile que ce soit pour vous de le croire, vous avez marqué des points. Ceci dit, il n'en va pas de même pour moi. Ma capacité à vous guider a été remis en cause et quoiqu'aucune sanction ne fut prise contre moi, je demeure en  pénitence. C'est d'ailleurs pour cela que la conduite de la mission que vous opérez actuellement me fut retirée. Officiellement, je suis sur une autre mission mais en vérité, l'on m'a contraint à une retraite spirituelle, afin de réfléchir à mes actes et au moyen de suivre au mieux mon serment.

Je pense plutôt qu'elle réfléchit sur le sort qui me sera réservé et si l'on peut encore me faire confiance. Elle n'accepte pas que je n'ai pas réussi à vous convaincre, mais soyez assurée qu'elle garde un oeil sur vous. C'est à la fois bénédiction et malédiction. Mais cela nous contraint à une chose: la plus grande discrétion. Vous ne devez pas avoir eu vent de cette vérité et si l'on se rencontre, il faut s'en tenir à cela. Elle a des oreilles un peu partout.

Je finirai cette lettre en vous renouvelant toute mon admiration et en vous incitant à suivre votre voie. Si le chemin vers la lumière est parsemée d'ombres, il n'en reste pas moins que la lueur qui est au bout mérite la peine que l'on se donne, car elle lutte contre les ténèbres à nos portes.

Avec toute mon affection

Estelglin

PS: Détruisez ce mot par le moyen que vous jugerez le plus approprié et que les Valar prennent grand soin de vous.

Il transmit la missive à un page en qui il avait toute confiance, car il lui avait sauvé la vie autrefois. Il lui recommanda la plus grande discrétion et ce dernier remit le pli dans les affaires de Miya, peu avant qu'elle revienne de patrouille, alors que les locaux de la chevalerie étaient pratiquement déserts. Il s'assura que personne ne mette la main dessus avant que Miya ne le trouve. Puis, il repartit auprès d'Estelglin pour lui dire qu'il avait bien remis le mot. Celui-ci sourit un moment dans une expression évoquant plus la peine que la joie, puis repartit dans ses pensées.

Elsie

Il lui couta d'obéir. Mais elle brûla la lettre et versa une larme. Elle était plus décidée que jamais...
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Elsie

Par des voies secrètes (Eïlenel devait une fois de plus y être pour quelque chose), une lettre se retrouva entre les mains du chevalier...

CitationMon ami,

Vous allez entendre bien des horreurs sur mon compte. Mais ce que je vais vous dire est encore pire. Je prends de gros risques en vous écrivant mais l'idée que vous puissiez en croire un mot me bouleverse. On m'accuse de haute trahison. Mais je suis tombée dans un piège et j'ignore d'ou vient le coup. Seule Rilmë peut vous en dire plus. Je n'ai pas le temps d'écrire d'avantage. Brulez ce mot.

Miya
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Baradon

Le chevalier n'en revenait pas. En son âme, la colère se partageait la place avec le désespoir. Comment avait-on pu? Qui avait ainsi osé? Il doutait que ce fut sa chère rose, mais n'en était point certain. Mais un acte aussi vil, calomnier une personne de bien, jamais elle ne l'aurait pu. Il devait donc s'agir de quelqu'un d'autre. Mais qui? Et dans quels buts surtout?

Comme un oiseau aux ailes entravées, Estelglin tournait dans sa chambre de méditation devenue prison. Il ne pouvait apporter son aide physiquement, cela ne ferait qu'accentuer les ennuis qui frappaient la pauvre Miya et cela était bien la dernière chose que souhaitait le chevalier. Il se contraint donc à user de la plume une fois encore, mais cela lui coûtait de faire appel une fois encore à son jeune page et ami Aragil. Non pas qu'il doutait de la loyauté de ce dernier, mais il lui faisait courir un grand risque. Cependant, nécessité a force de loi et il se devait de répondre à son écuyère.


CitationDouce Miya,
Soyez assurée que je ne crois rien de ses calomnies. Elles ne sont pas encore parvenues jusqu'au lieu de ma retraite en Calembel, mais je n'en aurai pu absorber nulle goutte de ce fiel sans être pris de révulsions. Quel piteux visage vous montre la principauté et la chevalerie! Comme je suis marri d'avoir mêlé une innocente à un tel univers. J'en viens moi-même à me questionner sur les raisons qui m'ont conduit ici. Peut-être la fuite de ce monde de fourberie et d'intrigues serait-elle préférable à la lente décrépitude imposée soit par l'adoption de moeurs semblables pour survivre, soit par l'humiliation publique inventée par des maîtres de l'artifice social et souillant même la plus pure des colombes?

Mais je sais en mon coeur qu'il n'en est rien, car comme se plaisait à me répéter mon oncle, aussi loin que l'on fuit, on ne peut se fuit soi-même, et nos peines et nos querelles intérieures nous accompagnent partout où nous voyageons. Il vous faut affronter l'adversité Miya et je suis certain que vous en avez le coeur. Oncques quolibet ou calembredaines ne seraient vous détourner de votre voie. J'ai la profonde conviction en outre que votre intrégité morale agira comme une armure vous protégeant des coups et la vérité triomphera car l'ombre ne supporte pas la lumière...

En attendant, le piètre guide que je suis ne peux que vous renouveler par la présente toute l'affection qu'il vous porte et la foi qu'il en a en vous. Je tâcherai d'agir au mieux de mon côté pour en apprendre plus, mais je suis pieds et poings liés. Sachez néanmoins que je ne laisserai pas votre honneur impunément bafoué, dusse-je en payer le prix.

Affectueusement

Votre dévoué mais impuissant Estelglin

Il n'était pas nécessaire de renouveler la précaution de gratter le parchemin ou de le brûler, il savait que Miya y songerait d'elle-même. Il donna la pièce au jeune page qui courut livrer la missive à sa destinataire, en mains propres cette fois. Il attendit la nuit tombée et l'absence de témoins pour se faire.

Elsie

#9
Miya n'était plus à Dol Amroth. Mais le jeune page se fit aborder par une très vieille femme aux yeux verts luisants qui empportait chez elle les affaires de l'écuyère.

"Tu sais qui je suis, n'est ce pas, mon garçon ?
- Heu, oui Madame vous ête l'aïeule de Mi...
- Chut ! ne dis pas son nom ici, en pleine ville. Je suis surveillée mais certainement pas autant que lui et donc que toi. Dis à ton Maitre que je pense qu'il est plus sûr de passer par mes propres amis. Qu'il se souvienne de ce nom : Yoshebeth.  Puis, efface tout ceci de ta mémoire, ce sera plus sûr pour toi.
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Elsie

Une missive arriva depuis la cité blanche...


CitationMon cher, très cher ami,

Je ne sais si ce que je vais tenter va servir à quelque chose ou si celà va précipiter ma perte et celles de nombreux innocents. Mais je dois le tenter. Je ne puis à la fois aider à la sauvegarde de Minas Tirith et à celle de Dol Amroth. Et le magistrat qui m'a reçue me donne ordre de me charger de la cité blanche. Je crois savoir ou sont les armes, je vais tâcher d'empêcher le pire.

Je ne puis compter que sur quelques personnes dont vous êtes pour faire de même à Dol Amroth. Je ne puis que vous prier de contacter Rilmë et votre soeur qui ont un plan afin d'éloigner Dame Emma. Malheureusement, je me dois vous prévenir que l'on peut craindre que Dame Emma ne soit pas la seule traitresse mais ait quelques personnes sous ses ordres.  Il faudrait pouvoir prévenir une personne haut placée que l'attaque aura lieu.

La date serait celle du prochain bal. Je ne sais s'ils comptent opérer comme à Minas Tirith ou il semble qu'ils veuillent ne prendre les armes qu'au dernier moment. Si vous avez besoin d'ordres, contactez le Sire Khébras, magistrat de Minas Tirith.

Mon ami, je ne sais pas si nous aurons l'occasion de nous revoir dans cette vie, tant cette intrigue est épaisse et risque de nous prendre dans sa nasse. Mais vous avez mon amitié la plus entière et la plus profonde et je regrette infiniment que nous n'ayons pu nous revoir.

Miya

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Baradon

La lecture de cette missive agita Estelglin plus qu'il n'aurait cru. L'attaque des grandes cités du Gondor et la pourriture qui rongeait l'arbre blanc de l'intérieur aurait pu suffire à son désarroi mais cela le partageait aux adieux à peine voilés que lui faisaient son écuyère. Son coeur se refusait à la perdre et lui enjoignait de la rejoindre au plus vite mais son devoir lui soufflait tout autre chose et c'est cette voix là qu'il écouta. Il transmit le message par la voie qu'on lui avait conseillée.

CitationJ'ai bien reçu les nouvelles et me tient prêt à agir au sein du Cygne. Prenez grand soin de vous car il vous reste tant de choses à découvrir et à apprendre.

E

Lacunaire, mais il prenait le moins de risque possible. Il transmit ensuite l'information à sa soeur et à Dame Rilmë.

Belgarion

La dite-sœur n'était étonnamment pas à Dol Amroth, ce qui surprit Estelglîn.
MJ Belgarion
Chroniqueur et correcteur des Chroniques de l'Imaginaire, Co-administrateur du Coin des Lecteurs, Membre de l'Association Tolkiendil

Intalir

Rilmë fit ensuite passer à Eilenel un pli pour Estelglin, écrit d'une main rapide.

CitationSire Estelglin,

Il y a du nouveau en ce qui concerne Dol Amroth. Nous avons trouvé une cache d'armes, non loin du terrain de joute où la fête est censée se dérouler, elle renfermait de quoi équiper une quinzaine de personnes. Ce qui laisse supposer qu'il en existe d'autres, ou, si l'on en juge leur médiocre qualité, que l'attaque principale ne viendra pas de là. La cible la plus probable est le palais, qui sera moins protégé en raison des festivités.
Nous allons avoir besoin d'hommes armés, le problème est la fiabilité. Pensez-vous que le Premier Chevalier soit un homme intègre? C'est vers lui qu'il faudrait se tourner, ce qui permettrait aussi de débloquer votre situation.
A ce sujet, un homme peut nous aider : il s'agit d'Armenel, il vient d'Annúminas et est de confiance. Il souhaiterait vous rencontrer au plus vite.
Si vous avez besoin de de me trouver je ne suis jamais bien loin de la ville, passez par Eilenel sinon.

Rilmë

Rilmë, voyageuse

Baradon

Inquiet pour sa soeur mais ne pouvant rien y faire pour l'instant, il espéra qu'elle n'était pas tombée dans quelques pièges et qu'elle s'était tenue éloignée de ces intrigues sordides. Dans le cas contraire, il priait les Valar pour que son sens inné de la débrouillardise lui permettent de passer entre les gouttes sans encombre.

Il répondit à Dame Rilmë:


CitationDame,

La nouvelle que vous me donnez est des plus alarmantes mais je puis vous assurer de la confiance absolue que je témoigne envers le Premier Chevalier. Sire Galador, duc de la Baie est un homme dévoué au Cygne qui a formé le prince héritier à l'art de la chevalerie. Menelrato, bien que jeune est également digne de confiance. Le prince héritier est en effet le plus jeune Capitaine de la Compagnie mais ses hommes le suivraient au bout du Mordor si le Mal s'y terrait encore et s'il leur demandait. Ils vous fourniront toute l'assistance nécessaire pour repousser cette menace.

Avec tout mon soutien

Sire Estelglin

Elsie

CitationMon très cher ami,

Je suis de retour à Dol Amroth. Le bal de Minas Tirith a été annulée et j'en suis soulagée. Le Sire Khébras m'a donné quelque chose à votre intention.

Miya

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Belgarion

Estelglîn eut la surprise de voir sa petit sœur arriver le jour d'après dans leur demeure. Une grande discussion s'annonçait.
MJ Belgarion
Chroniqueur et correcteur des Chroniques de l'Imaginaire, Co-administrateur du Coin des Lecteurs, Membre de l'Association Tolkiendil