Un Avenir Incertain...

[Menelosil]

Elle avait tout essayé. Elle avait beaucoup parlé, elle avait tenté de le convaincre, elle lui avait proposé des sorties agréables, elle avait montré qu'elle était là pour lui, elle l'avait aimé. Mais elle réalisa enfin qu'elle n'avait pas la solution. Il fallait qu'il poursuive cette guerre, qu'il mène à bien le projet qui conduisait toute sa raison d'être. Aussi accepta-t-elle de le laisser partir, une nouvelle fois...mais cette fois-ci sans véritable espoir de le revoir.

Arrivée à la banque de Linhir, Eranyel s'empressa de faire du tri dans ses affaires. Elle tira un coffre déjà poussiéreux et se mit à le remplir hâtivement. Elle y déposa une tunique, des potions, quelques bricoles, et toute une armure qui ne semblait pas encore très usée, mais qui ne le serait pas davantage. Son regard d'acier s'arrêta sur l'éclat d'une fine lame en bronze. Elle hésita, serra le manche inconsciemment et garda finalement l'épée.

Sous la nuit tombante, la jeune femme s'arrêta un instant et fixa une des fenêtres de l'auberge. Cette fois-ci, c'est elle qui s'était éclipsée. Mais pour ne pas que Beltaren ne se sente encore plus mal qu'il ne se sentait déjà, si c'était du moins possible, elle lui avait laissé une lettre dont les mots se voulaient rassurants.

En fin de compte, Linhir n'aura apporté qu'un seul et unique instant de bonheur. Eranyel fixa l'anneau qui brillait faiblement à son doigt...puis enfila ses gants avant de lancer son cheval au galop.

[Vénal]

Il la regarda par la fenêtre, sur le point de partir, et ne fit rien pour l'en empêcher. Il ne pensa pas à la bêtise qu'elle faisait de vouloir voyager seule de nuit, il ne pensa pas à la tristesse qu'elle devait ressentir, ni à la tristesse qu'il ressentait. Il se contenta de la suivre du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse de son champ de vision. Et il continua de fixer le point où elle avait disparue pendant un moment encore.
Ça ressemblait bien plus à un adieu pour lui qu'un au revoir. Il lui avait promis qu'il la retrouverait quand il aurait fait ce qu'il avait à faire. Et il tiendrait sa promesse s'il en était capable. Mais il ne pensait pas être encore en vie quand tout serait fini...