Réflexions

[Intalir]

   Rilmë se dirigea pensivement vers la taverne du premier cercle de la cité. Elle commanda un verre et s'assit au comptoir.

   La discussion avec Eïlenel et Emil lui avait fait un drôle d'effet. Pas tant à cause du sujet, à savoir les sentiments de Miya pour le chevalier, mais à cause de la manière de l'aborder car finalement aucun d'eux n'était directement concerné. Elle aurait trouvé très indécent à la place de Miya que d'autres discutent ainsi de ses déboires sentimentaux. Emil s'était d'ailleurs insurgé, mais Rilmë ne comprenait que trop bien les raisons qui poussaient Eïlenel à s'en mêler. Néanmoins, ce terrain-là n'était plus le sien et elle le leur laissait bien volontiers.
   Elle ne se souvenait pas avoir jamais été dans une telle situation, tout avait été plus simple en quelque sorte, ou plus compliqué peut-être pour un point de vue extérieur au sien : après tout sa conception des choses passait souvent pour marginale. Mais elle avait toujours été autonome et avait farouchement défendu son espace de liberté, même avec un prix à payer parfois lourd affectivement. Son rythme de vie ne la laissait jamais longtemps au même endroit et certains avaient pu en souffrir, mais elle avait choisi librement les seules contraintes qui régissaient sa vie et assumait chacun de ses choix. Sa liberté consistait à pouvoir faire les choses à sa manière en dépit des comptes à rendre, et c'était inestimable.

   Cela ne l'empêcha pas de se sentir seule en cet instant. Le sud finissait toujours par lui faire cet effet-là, et la Cité Blanche plus encore. Elle soupira.

   Peut-être avait-elle trop protégé sa vie personnelle du regard des autres.
   Non, bien sûr que non, c'était nécessaire. Mais elle regrettait quelquefois la trop grande efficacité des remparts qu'elle avait érigés. Elle ne perdait jamais de vue ses priorités, jugeant qu'une fierté blessée représentait un moindre mal, mais quand il arrivait qu'on la mésestime les réparties cinglantes devenaient difficiles à ravaler. Il aurait cependant été hypocrite de sa part de reprocher aux autres leur méprise alors qu'elle-même s'en servait, c'était à double tranchant. D'autant qu'elle se montrait généralement trop discrète pour que l'on puisse soupçonner ce qu'elle avait dans le coeur.
   Mais alors pourquoi cette morosité? Sans doute aspirait-elle à une autre compagnie que celle de son verre presque vide. Ou peut-être pas. Elle était devenue encore plus exigeante avec les années.

   Elle maugréa soudain contre elle-même et se leva brusquement, vida son verre. Quand de telles réflexions la prenaient, c'est qu'il était temps de rentrer. Elle prit la peine de laisser un mot à Miya pour la prévenir de son départ, même si celle-ci avait clairement d'autres choses à penser.

   Puis elle quitta les lieux à grandes enjambées, sella son cheval en pleine nuit et reprit la route de l'ouest.

[Elsie]

Miya reçut le mot. Elle en fit part à Eïlenel car elle savait que la vieille femme avait pour Rilmë un intérêt particulier.

Eïlenel haussa les épaules comme si celà n'avait que peu d'importance. Mais intérieurement, elle en était un peu ennuyée. Au point qu'elle jugea nécessaire de se faire la leçon à soi même : Elle avait commencé, à sa manière, l'éducation d'Emil et étoffé celle de Rilmë. Avec des buts différents pour chacun des deux. Ils se poseraient les questions qu'il était nécessaire qu'ils se posent. Et ils en tireraient les conclusions nécessaires. Il fallait être patiente. Les graines ne germaient pas en un jour.

Mais comme elle aurait aimé être plus jeune pour avoir plus de temps. Bah, au pire, Yoshebeth prendrait la relève.

Puis elle alla à la banque surveiller ses transactions.

[Emil]

Grand mère me dit des choses, grand mère me dit de faire ci, et ça aussi ! Mais pas vraiment ! Elle me le fait comprendre surtout.

A la fin de la discussion, je quitte les jardins ou je me sentait comme étouffé. Trop étroit comme endroit ! Je préfère la grande bibliothèque et travailler sur le cas du chevalier Glinglin, si je peux l'aider je le ferait.

J'accourt et glisse devant la bibliothèque, le bibliothécaire se donne une tape sur le front en me voyant dégringoler comme ça, et m'aide à me relever.

- Emil, doucement la prochaine fois, un jour tu vas casser quelque chose.
- Oui, m'sieur !
- Tu viens encore étudier ?
- Oui, m'sieur !
- Je t'ai déjà appris à écrire mais ça ne te suffit pas ?
- Non, j'ai appris que le chevalier avais un nouveau soucis ! C'est de l'amnesie. Je viens voir si on en parle dans quelques livres que ce soit vous pouvez m'aider ?

Le bibliothécaire acquiesce vivement, il me tire par le bras ! Me fait signe de me taire une fois a l'intérieur et me mène dans un de ces grands rayons pour me montrer quelques livres...La discussion recommence a voix basse.

- Y a tous ça ?
- En effet, Emil. Toutes cette rangé, tu y trouveras surement ton bonheur.
- Mais, mais...bon

Il devais y en avoir une vingtaine, et faire la différence entre les récit et les vérités n'est pas une chose evidente... j'attrape 5 des bouquins aux hasard et m'installe avec de quoi travailler à coté...

Au bout de quelques heures, la bougie est totalement consumé ainsi que mes énergies....