Auteur : Ted Nasmith
 

Renaissance des Cavaliers

Démarré par Theomir, 2011-03-11, 14:33:01

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Theomir

CHAPITRE I : MUNDBURG, L'ETRIER ET LE SANG


Après cinq jours à galoper léger depuis Dunharrow, nous avions enfin rejoint les champs du Pelennor. Par les feux d'alarme, le Gondor, notre allié de toujours, quémandait notre aide. Et parce que la fierté de mon peuple ne rivalisait avec aucune autre, le 15 mars 3019 3A, six mille lances crevaient le ciel du Gondor.

Nous savions tous que ce combat était perdu d'avance. Mais pourquoi y porter une importance ? Nous avions tous prêté serment pour le Seigneur et la terre, et nous allions simplement le respecter. Un peuple fier sachant honorer sa parole. Et ce n'est pas aujourd'hui que cette parole serait bafouée. Qu'importe la ruine. Pour le Rohan. Pour le grain et la plaine. Pour l'odeur de l'orge qui sèche au soleil et celle de la bruine rafraîchissante du matin. Pour les galops enfantins parmi les wolds d'Estfold. Pour embrasser la vierge et aider le viei...

... L'HEURE EST VENUE CAVALIERS DU ROHAN... !!!

Par le feu de Scatha, la voix du Seigneur Théoden venait de me briser les tympans. Une tape amicale mais "dosée" assénée sur le haut de mon heaume me ramena les pieds dans les étriers. Dans mon dos, la voix amusée de Kaveros s'exprima :

- Ça serait dommage que tu rates le dernier discours de ton Roi...

- Espérons seulement que son bras se rappelle rapidement le chemin de l'épée...


Kaveros grommela en guise de réponse.

Je me dressai sur mes étriers. La bannière royale flottait à une trentaine de lances de notre position. Notre eored se tenait parmi les hommes d'Eomer. Ou plutôt ce qu'il en restait après la bataille de Fort-Le-Cor... Les braves Cavaliers de la Compagnie de Grimbold appuyaient le Roi sur le flanc gauche tandis que ceux du Maréchal Elfhelm couvraient son autre flanc. Et devant nous : La Mort. Cavaliers du Sud, Orcs, Trolls, catapultes et trébuchets... Autant d'immondices en une seule heure et place. Mon cœur eu un léger soubresaut. Du haut de la colline, la puanteur du charnier nous caressait les narines, nous invitant à prendre part au festin.

D'un geste machinal je calmai Iondû qui commençait à trépigner d'impatience, tout comme son maître...

Une autre voix familière s'éleva dans mon dos :

- Aethelwigend... Où est passé le brave Iondû fils d'Amondû ? Le noir destrier a l'air d'une pouliche gémissant avant la saillie ! Aurait-il perdu ses attributs alors que nous passions les gués du Snowbourn ?

Plusieurs rires éclatèrent parmi les hommes. Les moqueries d'Harken faisaient souvent mouche. Mais les cœurs étaient noués en cette heure sombre et cette fois-ci peu d'hommes avaient pris part à la boutade. Je souris malgré moi. Il fallait du courage pour rire aujourd'hui, mais il en fallait bien plus encore pour oser lancer quelque plaisanterie en cet instant. Je n'eus pas le temps de répondre.

La voix de Théoden fils de Thengel fit place au silence. Silence de mort rapidement suivit par le cliquetis régulier de sa lame entrechoquant les hampes des lances de la première ligne.

Puis soudain, portés par le divin Nahar, vingt-quatre mille sabots décolèrent du sol en une tempête terrible...