Chroniques variag

[Gaun]

Xsungwë se tenait dans la bibliothèque du fort. Il porta un instant son attention sur les plaines qui s'étendaient à l'extérieur, et les Montagnes du Mordor se profilant au loin.
Mais son regard vide contemplait une toute autre scène, comme bien souvent, il voyait défiler devant lui des images du passé.

...Les ruines fumantes de la Grande Tour. La fin de la tyrannie de l'Oeil... Il avait dû s'adapter rapidement, se dirigeant avec ses hommes vers les terres du Khand.
C'était le lieu de prédilection où se rendraient les opposants du futur Royaume réunifié. Venant de tout horizons, Umbar, Nardjam, mer de Rhûn...
Il y eu bientôt assez de monde pour que s'élève une nouvelle ville, et tous se firent à leur nouvelle identité de Variag, puisque c'était là leurs terres.

Soudainement le Khand devenait la principale menace potentielle pour le Gondor, et la plus immédiate depuis que Nardjam avait incliné la tête devant le Roi Aragorn II.

Xsungwë et ses hommes avaient participé à la fondation de la nouvelle cité, construite au pied d'une place forte. Il avait vu sa croissance et les premières générations de natifs; l'établissement d'un ordre nouveau, fait par des hommes qui n'étaient pas prêts à céder devant l'expansion du Royaume réunifié.

Son rôle dans le développement de la cité fût plutôt d'ordre militaire.En effet il était venu au Khand avec une partie des troupes qui auraient dû participer à la Bataille des Champs du Pelennor, mais qui arrivèrent trop tard. Il avait été élevé pour mener des hommes, c'est donc naturellement qu'il acquis un siège au Conseil du premier Roi (*).

Les gens commencèrent à s'interroger lorsqu'ils réalisèrent que l'apparence de Xsungwë n'avait presque pas changée pendant tout ce temps. Il était devenu le doyen de la ville bien que personne ne su véritablement son âge. Ses traits étaient net mais ses yeux étaient gris et ses cheveux blanchis et son corps gardait la vigueur d'un homme d'armes. Tous les hommes avec qui il était arrivé n'étaient plus.
Il y eut des rumeurs, certains vinrent même à douter qu'il fut un homme, d'autres l'acceptèrent sans se poser de questions. Quoi qu'il en soit il vint un temps à partir duquel, pour tout habitant de la ville, Xsungwë était une figure qui avait toujours été là, comme partie intégrante de la cité....

-"Vous vouliez me voir?" demanda le bibliothécaire du fort, tirant Xsungwë de ses rêveries.
-"Oui, veuillez chercher dans les registres de naissances s'il y a eu une ou plusieurs Maeva dans la cité durant les quarante dernières années. Laissez savoir au Conseil que vous êtes sur cette tâche."

[Gaun]

Pour la première fois depuis bien longtemps, Xsungwë avait été pris de court. Un évènement totalement imprévu qui ne présageait rien de bon. Il n'aurait jamais du les revoir.

L'un des bleus était revenu dans l'ouest des Terres du Milieu pour "observer". Il avait conclu un pacte avec les serviteurs d'Oromë et de Mandos, il y avait de cela bien longtemps, lorsque l'Oeil était encore présent au Mordor.
Après la destruction del 'anneau et la chute du tyran, Xsungwë avait décidé d'aller s'installer au Khand pour ne pas avoir à les croiser à nouveau dans l'Est. Venaient-ils lui enlever le don qu'ils lui avaient fait? Après tout il avait rempli sa part du contrat et le Maia déchu avait été vaincu.

Il avait tenté d'être ferme et de ne pas sciller. Depuis que Sauron n'était plus les istari n'avaient plus aucune raison d'être présents dans les Terres du Milieu, Xsungwë s'était d'ailleurs fait à l'idée qu'ils s'en étaient tous retournés à l'Ouest... mais il s'était gravement trompé. Eä appartenait à présent aux hommes et il reviendrait à des hommes de la gouverner.

Une vision plus grave vint troubler les pensées du Variag. Les mages bleus pouvaient-ils revenir dans l'Ouest pour prendre la place de Sauron? Après tout le plus puissant des istari avait déjà prouvé de par le passé qu'ils n'étaient pas insensibles à l'attrait du pouvoir.
Pour l'heure le vieillard était parti. Xsungwë resta longtemps en observation sur le rempart au dessus des portes de Varia,  ses yeux vides scrutant l'horizon, se demandant ce qu'il conviendrait de faire si ses vieilles connaissances revenaient pour lui.