Auteur : John Howe
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Turambar  |  Rôle-Play - Quatrième Âge  |  Forum Role Play  |  Fil de discussion: En quête de chevalerie
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Auteur Fil de discussion: En quête de chevalerie  (Lu 9427 fois)
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Elsie
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« le: 2010-01-30, 10:27:07 »

Esmée était un de ces êtres délicats à la sensibilité exacerbée dont on se demande toujours comment ils ont pu faire face aux épreuves de la vie.

Elle était la cadette d’Eïlenel, née dix ans après son frère, Ogier sans que son arrivée ne puisse sauver le couple vacillant de sa mère. Elle n’était pas attendue, Eïlenel croyant ne plus être féconde. Mais ces choses arrivent, parfois. Aujourd’hui vieille femme, elle avait grandi avec la sourde culpabilité d’avoir creusé le fossé entre ses parents par sa seule existence. Une de ces sensations larvées que nul ne formule mais qui pèse lourd sur les épaules de qui la ressent.  Ce qui explique pourquoi, sans doute, elle avait tant pardonné à son propre époux, dans le souci qu’elle était d’épargner ses cinq enfants, alors qu’elle avait des raisons d’être mécontente de son coureur de mari et, comme toutes les filles d’Asha, un petit caractère affirmé. Caractère qui avait occasionné une fâcherie de plus de trente ans avec Eïlenel.

Lyra avait été sa petite dernière. Mais avec elle aussi, il y avait eu une rupture. Un an plus tôt, la nouvelle de sa mort avait anéanti Esmée. Survivre à ses enfants n’est pas dans l’ordre naturel des choses. Depuis, Esmée n’était plus qu’une petite vieille dame un peu ronde et à l’air triste.

Mais aujourd’hui, quelque chose avait changé. Une silhouette de jeune garçon lui faisait face. Mais ce n’était pas un garçon. C’était le nouveau but de la vie d’Esmée. Elle faisait tout son possible pour ne pas fondre en larmes d’émotion.

Miya, quand à elle, contemplait cette grand-mère qu’elle ne connaissait pas. Elle restait dubitative. Esmée se donna une contenance…
« Bien, bien, bien. C’est bien joli, toute cette histoire, mais tu ne vas pas rester ainsi…
- Il se peut que je le doive. Je veux entrer dans la chevalerie.
- Ne sois pas ridicule : tu ne pourras pas tromper ton monde éternellement. On va s’étonner de ce que tu ne grandisses pas, de ce que ta voix ne mues pas. L’enseignement que reçoivent les futurs chevaliers dure plusieurs années, sais tu ? »

La jeune fille n’avait pas pensé à ça.

« Ca devrait tenir, le temps pour moi de faire mes preuves…
- Faire tes preuves ?! Grande Mère ! Ce qu’il ne faut pas entendre !
- S’il vout plait, ne dites rien…
- Te rends tu compte de ce que tu me demandes ? En outre, je ne puis te faire aucune promesse avant le retour d’Eïlenel. C’est elle, le chef de cette famille. «

Esmée prit le siège le plus proche et regarda la jeune fille.

« Que comptes-tu faire, mon enfant ?
- Aller à Dol Amroth pour me faire engager comme palefrenier.
- Bien. Je m’installerai là bas alors. Tu vivras avec moi.
- Hein ?!
-  On ne dit pas "Hein" mais "Comment". Je ne puis prendre aucune décision concernant ton avenir avant le retour de ma mère. Mais je te dois assistance et nourriture. Eïlenel a là bas une amie qui peut nous héberger. Comment faut il t’appeler, pour le moment ?
- Miraël."
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"Je ne suis pas vraiment libre si je prive quelqu'un d'autre de sa liberté. L'opprimé et l'oppresseur sont tous deux dépossédés de leur humanité."
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145 ans passés à faire suer son monde Spécial Moumix...
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« Répondre #1 le: 2010-02-04, 09:46:34 »

Eïlenel lisait avec attention la lettre extrêmement détaillée ou Esmée lui faisait part des derniers événements. Elle était globalement satisfaite de la manière dont elle avait réagi. Mais de la tournure des choses, moins.

Certes, Miya avait été obligée de dévoiler son secret à son futur  mentor en chevalerie. Et ce n’était pas dommage. Mais de l’autre, elle ressentait encore sa féminité comme un handicap. Ca, vu l’historique de la famille, c’était un gros ennui. D’autant que le caractère de la petite, si elle croyait ce que lui en disait Esmée, augurait d’une rebelle comme la famille avait l’habitude d’en produire régulièrement. Esmée la jugeait intelligente, volontaire, très dégourdie. Que des atouts pareils soient en passe d’être gâchés par une névrose d’adolescente en perte de repères n’était pas du goût de la vieille Gardienne.

Il lui faudrait rentrer et rencontrer ce jeune homme qui l’avait prise sous son aile… Histoire de voir ce qu’il valait. La gamine n’était pas sans famille. Eïlenel envoya donc quelques missives à des personnes choisies pour se renseigner sur ce garçon. Puis, elle commença ses bagages. Ogier comprendrait que sa mère doive rentrer chez elle plus tôt que prévu, au vu des circonstances

Esmée attendait avec impatience son retour car la jeune fille n’avait même pas encore été initiée selon les rites en vigueur dans leur famille. Et elle espérait que le rituel l’aide à accepter ce qu’elle était. Ce n’était pas évident. Tous les jours, Miya rentrait avec un air un peu plus sombre. Les brimades de ses camarades ne s’étaient pas faites attendre longtemps. Elle ne s’en plaignait pas, comme on lui avait demandé. Mais elle en souffrait quand même. Et ce qui lui était dit en tant que roturière n’était pas le plus dur, oh non. C’était bien sur son genre qu’on l’attaquait avec le plus de méchanceté. Car si les filles étaient rares, et subissaient toutes des moqueries, le fait d’être écuyer d’Estelglin et la personnalité très « rentre dedans » de Miya semblaient aggraver les choses. Les camarades les moins délicats ne se privaient pas d’allusions scabreuses à son égard. La petite  tiendrait elle sans cette rage qu’elle accumulait en elle ? La colère était parfois une source d’énergie non négligeable, mais aussi d’erreurs épouvantables. Et chez les filles d’Asha, la colère n’était jamais anodine…

Non, pour la santé psychique de Miya, il fallait qu’elle soit reprise en main par les siens. Qu’elle ne soit pas seule.
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« Répondre #2 le: 2010-02-05, 10:08:32 »

"Pourquoi, au juste, veux tu devenir chevalier ?
- Pourquoi, au juste, est ce que je ne le deviendrais pas ?
- Répondre par une question à une autre question est une dérobade que tu ne peux employer qu'avec les gens de ton âge. Mais avec tes aînés, c'est une insolence. Tu n'as pas encore les moyens de cette politique."

La voix ordinairement douce d'Eïlenel s'était faite fouet. La jeune fille ressentit le malaise que ressentaient tous ceux qui se trouvaient tout d'un coup face à la part la moins agréable de la personnalité de la vieillarde. Mais étrangement, l'aïeule changea de sujet. Cette manière de procéder déstabilisa un peu l'écuyère.

"J'irai trouver ton chevalier de tutelle afin de voir sous quelle aile tu t'es placée. Car dans cette famille, nous prenons soin les uns des autres. Je suis étonnée que ta mère, même fâchée avec la sienne, ait oublié de te faire savoir que notre protection t'était acquise.
- Elle me l'a fait savoir.
- Alors pourquoi n'es tu pas venue nous trouver ?
- "Il" ne voulait  pas que je parte...
- "Il", l'employeur de Lyra ?
- Oui.
- En voilà un qui voulait le beurre et l'argent du beurre. Il fallait nous écrire.
- Je n'y ai pas songé."

La vieille femme regarda Miya d'un air plus doux. La jeune fille avait besoin d'être cadrée pour acquérir une certaine stature. Mais elle l'aurait un jour pour peu qu'on la forme. La priorité était de lui apprendre à faire de qu'elle pensait être des faiblesses des atouts. "Ce qu'on appelle "défaut" est souvent une aptitude que l'on n'a pas, peu ou mal développée" disait la sage Asha...

"J'ai encore beaucoup à te dire. Tu as déjà compris que notre famille est quelque peu différente. La chevalerie ne sera pas l'unique lieu ou l'on formera ton esprit, car le risque que tu y sacrifies ce qui fait de toi un être unique et précieux est grand. Tu apprendras la rigueur chez les chevaliers. Et la liberté ici."

Miya regarda la vieille femme avec une expression de grand étonnement. Elle se demandait ce que penserait Estelglin. Elle ouvrit grand ses oreilles, néanmoins, vaincue par la curiosité, et reçut sa première leçon...
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« Répondre #3 le: 2010-02-06, 21:21:07 »

Patte-Folle avait été amenée à l’écurie de la petite auberge de Linhir. Sa  jeune maitresse avait, quand à elle, reçu pour consigne de rester  dans sa chambre à méditer. Ou plutôt, à s’angoisser.

Dans l’autre chambre, trois vieilles femmes s’affairaient. Il y avait là Esmée et Eïlenel, bien sûr, mais aussi Yoshebeth, une de leurs amies. C’était une petite bonne femme sèche, d’une soixantaine d’années et qui ressemblait à une pomme fripée. Son chef, étonnament, n’arborait aucun cheveu blanc mais une vaste tignasse noire et frisée. Elle était d’ascendance haradan. Que les descendantes des victimes et celle des bourreaux aient pu devenir amies au point que la fille du désert ait adopté les coutumes de ceux que son peuple esclavagait deux siècles plus tôt était, pour Eïlenel, l’un des plus jolis signes d’espoir pour les temps à venir…

« Es tu sûre de vouloir t’en charger ? »

Sa voix était aussi rocailleuse que la terre qui l’avait vue naitre.

« Je préfère, oui, je suis la plus expérimentée.
-Mais tu es aussi très impliquée. C’est une fille de ton sang. Arrête de tourner comme ça, Esmée, ça fait tourner le lait des vaches !» Yoshebeth était, comme tous ceux de son pays, extrêmement superstitieuse. Esmée s’arrêta de marcher de long en large pour se mettre à se triturer les doigts avec nervosité. Seule Eïlenel ne semblait pas ressentir la tension ambiante.
«  J’ai  hésité, il est vrai, avant de prendre cette responsabilité. Mais cette enfant a un vaste potentiel. Je compte la former à nos croyances. Autant que cela commence avec l’Initiation. »

Esmée hasarda une question .

«  Et le chevalier ?
- Le chevalier a un peu de sens commun. Pas beaucoup, c’est un mâle, après tout. Mais un peu. Il ne fera rien dont il pense que cela offenserait la petite. C’est très bien comme ça. »

Ceux qui connaissaient bien Eïlenel savaient que la vieille femme accordait plus difficilement son estime aux hommes qu’aux femmes. Toute médaille a son revers et toute personne a son défaut cardinal. Elle le justifiait en arguant que tant de monde privilégiait les hommes que, finalement, elle ne faisait que rétablir, un peu, l’équilibre. Ca n’était pas moins agaçant pour autant quand on était un « mâle » en butte à ce travers…

Esmée  finit par s’en aller, vaincue par l’angoisse. Yoshebeth alla chercher la jeune fille et la laissa seule avec l’auguste aïeule.

La chambre ou devait se dérouler la première partie du rituel était simple, mais propre. Sur la table de nuit, un gobelet fumant empli d’un liquide vert attendait, peu engageant. Sur le bureau, bien en évidence, comme pour souligner l’aspect redoutable de l’épreuve, plusieurs couteaux et une fine aiguille, fins et tranchants reposaient, à coté d’un bol rempli de sel. Sous la flamme unique de la bougie, ils semblaient dorés.  Miya avala un bon coup sa salive. On lui avait expliqué la nature de l’épreuve. Et si des gamines de douze ou treize ans la subissaient, elle ne pouvait pas décemment reculer. Elle était écuyère, elle devrait un jour affronter le danger.

« Hé bien on va dire que c’est un peu comme une sorte d’ entrainement… »  pensa t’elle pour se donner du courage. Mais elle avait rarement eu autant envie de se sauver à toutes jambes.

Eïlenel lui désigna un siège. Quand elle fut installée, la voix de l’ancêtre s’éleva, étrangement cérémonieuse.

«  Ce soir, tu vas rencontrer ton animal-esprit. Tu devras apprendre à le comprendre, à deviner ce qu’il essaie de te dire sur toi. Il est ton ami. Quand tu sauras ce qu’il est, tu devras, de toute ton existence, t’abstenir de le tuer, de le manger, de lui faire du mal, autant que tu le peux, à moins que ta survie en dépende. Et si tu étais amenée à le faire sous le coup de la nécessité, tu devrais faire pénitence aussi rudement que si tu avais tué un être humain.
- Le…. Rencontrer… ?
- Sur ta table de chevet, il ya le Poison. Nous le nommons ainsi parce que c’est ce qu’il est pour les esprits faibles. Ceux qui ne savent pas écouter les messages de leur instinct et de leurs corps. Ceux qui sont condamnés à n’être que les marionnettes de leurs émotions  à force de les renier…  On ne devient pleinement adulte qu’en sachant cela, en se connaissant. Il ouvrira une porte sur des aspects de toi que tu ne perçois pas éveillée. Quand tu te sortiras de la transe, tu auras appris à percevoir des choses qui avant celà t'échappaient.
- Ca ne va pas durer une lune ?
- Non bien sûr, mais il est d’usage de se retirer dans la nature, à l’écart des hommes, après l’Initiation.
- Et les couteaux ?
- Pour les symboles.».

Réponse énigmatique qui semblait être la seule explication qu'elle aurait jamais. Eïlenel se leva. Et lui indiqua la couche. La jeune fille s’y rendit, aussi raide qu’un piquet. Elle commença à sentir un début de panique.
« Maintenant, BOIS ! »

Hop ! Cul-sec, pour être sûre de ne pas flancher…



Elle ne se vit pas « partir ». Eïlenel se leva alors, non sans avoir vérifié les constantes vitales de la jeune fille et s'être assurée de ce qu'elle était bien installée. Et elle saisit alors le premier couteau...
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« Répondre #4 le: 2010-02-08, 13:08:04 »

Ca  se rapprochait derrière elle. Miya courrait, en proie à la plus puissante terreur qui  se soit jamais emparé d’elle. Elle avait l’impression que ses poumons allaient voler en éclat, elle ne savait même plus si elle avait un cœur, chaque mouvement de course était une torture, mais elle ne pouvait pas s’arrêter sans prendre le risque de laisser ce qu’il y avait derrière elle la rejoindre.

Cliquetis…
Sifflements…

Pas de grondement sonore, non, mais comme des centaines de cotes de maille trainées au sol par des chevaux en furie. Non, elle ne se retournerait pas pour voir !  Elle savait qu’il ne fallait surtout pas VOIR ! Juste courir. Repousser sans arrêt les limites de ce qu’elle se sentait  prête à endurer… sans être certaine d’une issue quelconque au cauchemar.

Cliquetis…
Sifflements…

Se cacher… Mais ou ? La plaine était vaste, herbeuse d’une herbe jaune qui lui arrivait à la taille.  Le ciel était noir  et la grosse enclume d’un cumulo-nimbus commençait, petit à petit, à envahir tout l’espace disponible… Pas de relief en vue, pas de cours d’eau, rien que la plaine infinie. Elle eut envie d’en finir, de se retourner et faire face, mais elle ne pouvait pas. A bout de force elle trébucha, et la chose… LES   choses  furent sur elle. Sinueuses, presque caressantes, mais envahissantes et provoquant  immédiatement la nausée chez la jeune fille…  Se dégager ! VITE ! Elle ne voyait plus rien et la panique la gagnait. Et « Elles » essayaient de la gagner à leur cause… « Cède à nos caresses, petite fille, vois comme il est dur de résister. Laisse nous te soulager de tes questions, de tes angoisses, de ton passé. Vois comme nous sommes tes amies… Vois comme nous t’aimons. Nous avons les réponses à toutes les questions. Laisse nous nous gorger de ta jeunesse et ta beauté et nous t’offrirons la paix de l’âme… »

Elle fut tentée de céder, tant elle souffrait. Mais sa terreur subsistait. « On n’a jamais peur sans raison » lui avait dit Eïlenel…

« Mensonges ! Mensonges ! Vous mentez !!!» la colère l’envahissait.

L’orage éclatait il ? L’air avait comme tremblé d’un son sourd et puissant. Deux yeux jaunes croisèrent les siens, aussi furieux qu’elle. Un grand chat jaune était à l’affût dans les herbes qui grondait… les choses semblèrent desserrer un peu leur étreinte, comme prises de peur. D’où venait qu’elle avait des griffes ? Elle tailla dans le vif des chairs et un sang noir coula, nauséabond… 

La lionne l’attendait plus loin et ronronnait. Miya se coucha à ses cotés. Il n’y avait plus de traces des Choses. Elle se sentait bien et ronronna aussi.

Quand s’était elle réveillée au juste ? La chambre semblait différente que lorsqu’elle était partie dans les brumes du rêve. Eïlenel ne semblait ni étonnée, ni inquiète. Elle observa la jeune fille un instant.

« Tu n’es pas obligée de raconter. Je devine ce que tu es…. C’est logique. Terriblement logique… »
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« Répondre #5 le: 2010-02-10, 11:11:36 »

Dans les jours qui suivirent immédiatement le retour de Miya et d’Estelglin eurent lieu deux évênements qui devaient influencer le cours de la vie de la jeune fille.

L’un fut un mot d’esprit un peu cruel, l’autre une rencontre secrète entre deux femmes très différentes. Mais commençons par ce qui parait léger même si ça ne l’est pas.

Miya avait essuyé bien des méchancetés déjà, et quand elle revint de sa retraite, elle ne put s’empêcher de s’en ouvrir à Eïlenel. Elle avait compris que l’expérience de l’aïeule n’était pas forcément incompatible avec la chevalerie et que, à partir de là, il ne serait pas sage de s’en priver. Et puis, c’était une femme, et il était moins pénible de détailler  à la vieille Dúnadan la nature exacte de ce qu’elle subissait.

«  Tu ne sais quoi leur répondre car tu ne sais ou se trouve la limite. Mais dans ce genre de cas, la limite est parfois très souple.  Ne crois pas que faire profil bas et te vêtir en garçon leur fera oublier que tu es une femme. Ceux qui sont sots continueront à te mépriser et ceux qui sont sages sauront en faire abstraction dans la mesure de tes qualités. Estelglin a raison quand il qu’il dit te faut t’affirmer pour récolter le respect. Tu te dois d’être prudente, certes, mais il est possible de rabattre leur caquet assez efficacement…
- Mais comment ?
- Je vais y venir, mais laisse moi continuer. Ils t’ont choisi comme cible parce que tu étais la plus vulnérable. Ne crois pas que c’est uniquement le fait d’être fille qui te vaut ce traitement. Dis toi que si ce n’était pas toi, quand bien même il n’y aurait parmi les écuyers que des nobles, ils auraient tout de même trouvé un bouc émissaire, mais parmi eux.  Pour certains d’entre eux, les plus faibles, ça les arrange que ce soit toi. Et je te file mon ticket que parmis ceux là se trouvent tes ennemis les plus féroces… »

Miya acquiesça. La plupart de ses tourmenteurs n’étaient pas des plus hautes familles. Les membres de la haute noblesse se doivent de tenir leur rang et, sans les apprécier pour autant,  se sentaient probablement moins menacés par les récentes dispositions en faveurs de l’entrée de roturiers en chevalerie…  Aucun d’entre eux ne se serait abaissé à des sous entendus  grivois envers une jeune aspirante…

«  Que tu doives subir des brimades, c’est inévitable, mais tu ne dois pas accepter, jamais, que cela ait un quelconque rapport avec ton intimité. Rassure-moi : aucun d’entre eux n’a poussé le jeu jusqu’à te toucher ?
- Non, mais je redoute qu’un, en particulier le fasse…
- Alors tu dois agir. Ou plutôt parler ma fille. Tu as de l’esprit et du culot, laisse les agir…
- C'est-à-dire ?
- S’il est si agressif, c’est qu’il t’utilise TOI pour s’affirmer LUI. C’est donc que sa position n’est pas si établie que ça. Retourne cela contre lui et…mets les rieurs de ton coté. Avec doigté, cela s’entend.
- Comment on fait ça ?
- Je ne peux pas tout faire à ta place ! Ait du panache. C’est après tout une qualité chevaleresque. Et que ta langue soit subtile.  Jeunesse et noblesse craignent chacune le ridicule et les petits imbéciles qui te moquent appartiennent aux deux. En tout cas, cesse de considérer qu’être une fille est une catastrophe ! Ils sentent sûrement que c’est ton point faible, fillette. Ils auront moins de prise sur toi quand tu accepteras d’être pleinement femme. Ca sera pour eux comme du poil à gratter, tu verras… »

Miya resta songeuse une journée entière à méditer ces propos. Et quand elle retourna à la salle d’entrainement, elle réfléchissait encore, tortillonant par moment et sans y réfléchir, le cauri que l’aïeule lui avait remis. Ce cauri était un petit coquillage blanc, grand comme une phalange, dont  l’ouverture formait comme une fente sur toute  sa longueur. Fixé sur un lacet de cuir noir, c’était un symbole de féminité (ce qui une fois qu’on le savait, apparaissait comme une évidence…). Et toutes les femmes de la famille se devaient d’en avoir au moins un et de ne surtout pas les perdre, car cela porterait malheur.


Et bien évidemment, le fait que Miya porte un bijou autre que son bracelet avait fait le tour des cervelles de la salle d’entrainement. Un garçon assez beau, mais qui se donnait un air d’arrogance insupportable, sembla ne plus y tenir et lança la pique…

« Hé ! Miya, pas la peine de la cacher, ta petite perle fendue, tout le monde l’a vue, tu sais ! »
Trouver une réponse.. Vite ! Une réponse… Mais ça ne venait pas !
Le jeune crétin s’approcha et continua sur un ton doux, ambigü, mais assez fort pour être entendu…
« Je ne savais pas que tu portais du toc autour du cou…
- Dame ! Tout le monde ne peut pas le faire pendre au dessus des genoux… »

La réponse avait fusé presque toute seule… Il y eut un blanc. Puis quelques rires. Certains se retenaient clairement de pouffer qui avaient beaucoup de mal. Le garçon était pâle… Miya avait envie de rentrer sous terre mais se força à darder ses deux yeux ou brûlaient un feu vert droit dans le regard de son adversaire qui, déjà fort décontenancé, baissa les yeux… au vu et au su de tous…

A cet instant, elle savait qu’il ne se plaindrait pas d’avoir été ridiculisé de la sorte. Inutile d’insister, au risque d’être d’avantage humilié. Elle se sentit forte, elle se sentit bien. Ca ne règlerait pas tout, certes, mais si infime que soit le terrain gagné, il l’était. Et elle saurait faire en sorte de ne pas en céder un pouce…

La lionne apprenait à sortir les griffes...
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« Répondre #6 le: 2010-02-10, 19:32:38 »

Miya ne devait pas être au courant, du moins pas tout de suite, de ce qui suivit.

Eïlenel quitta la chaleur de la maisonnette dans laquelles elle, Esmée et la jeune fille avait élue domiciel, au sein d’une famille d’amis pou s’engager, de nuit, dans les rues de la ville.  Elle finit par frapper à la porte d’une riche demeure.

La servante, un peu étonnée, la pria de patienter dans le hall, alla se renseigner, puis revint voir la visiteuse pour lui faire savoir qu’elle pouvait entrer au salon. L’y attendaient deux femmes. Elles devaient être de proches parentes, au vu de leur ressemblance. La plus jeune des deux, qui était, en fait, la maitresse de maison, laissa Eïlenel en tête à tête avec l’autre.

C’était une belle femme à laquelle il était pourtant difficile de donner un âge. Sa maturité était évidente mais sa peau n’était que peu marquée par les ans. Elle pouvait avoir trente ans comme elle pouvait en avoir quarante. Elle était pâle, ses yeux gris étaient petits, mais bien dessinés de chaque coté d’un nez droit. Les sourcils étaient peut être un peu trop bas mais ils donnaient à son beau visage un certain caractère.  Elle arborait cependant l’expression un peu pincée qu’ont certaines aristocrates quand elles s’appliquent à dissimuler leurs pensées. Sa robe blanche l’avantageait. Il était clair qu’elle avait pris soin de sa tenue dans la perspective de cette rencontre, ce qui fit sourire Eïlenel d’un sourire mauvais.

« Dame Isolde, je présume.
- Elle-même. Et vous êtes la dame Eïlenel. »

Eïlenel ne répondit pas. C’était évident. Les deux femmes ne s’étaient même pas souhaitées le bon jour. En vérité, un observateur un tant soit peu attentif aurait noté l’hostilité latente qui planait.

«  Vous m’avez demandé une entrevue. » fit Isolde de son ton le plus doux. Mais la douceur, dans sa bouche, semblait étrangement factice.
« Effectivement, cela m’a semblé nécessaire dès que je vous ai sue en ville.
- Je viens souvent. Ma sœur vit ici.
- Je voudrais être sûre que vos fréquentes venues ne vont pas perturber la tranquillité de ma famille…
- Votre famille n’hésita pas toujours à perturber la mienne.
- Ma famille a été, au contraire, la plus conciliante possible, Dame Isolde. Ne vous trompez pas de cible. Le vrai responsable de tout ceci…
- Attention à ce que vous dites !
- Ne me menacez pas, Isolde. Vous n’avez pas les moyens de cette politique là. Vous êtes peut être noble mais devant un scandale, je saurais garder la tête haute alors que vous ne pourrez que choir. C’est là mon seul avantage en tant que roturière : Je ne crains pas les retombées de la vérité. Et autant vous prévenir de suite : j’use toujours de mes avantages quand on m’y force. »

La Dame était aussi blanche que sa robe.
« Que voulez vous ?
- Je sais que vous avez découvert que la petite était ici. Je sais aussi que vous pouvez caresser l’idée d’en  prévenir votre époux, histoire qu’il l’empêche d’accéder à cette dangereuse carrière qu’est la chevalerie. Tancrède aurait surement peur pour sa vie. Déjà qu’il n’a pas pu sauver sa mère.
- Pourquoi ferais-je cela ?
- Il ya plusieurs hypothèses. Par vengeance, peut être. Briser son rêve sous le prétexte de la protéger en est une plutôt pernicieuse, mais c’en est une. Ou peut être parce que, même si vous la haïssez, quand elle était au domaine, la situation était sous contrôle, ce qui n’est plus le cas. Ici, le secret peut transpirer. Peut être même avez-vous peur que Tancrède ne s’avise que vous ne lui donnez toujours aucun enfant et qu’à choisir, voyant sa bâtarde devenir une femme estimée, il ne se sente flatté de cette paternité, au point d’envisager de la reconnaitre. Je vous rassure de suite : ça me parait fort peu probable, même si Miya l’espère. Mais il peut y avoir une raison plus grave encore… »

Si la Dame avait eut des arbalètes à la place des yeux, Eïlenel serait surement morte.

« Plus grave… ? » répéta-t’elle.
« Oui… En admettant que quelqu’un se mette à soupçonner la paternité de Tancrède, il pourrait regarder tout autrement certains détails de l’histoire de Miya. Il pourrait s’aviser que vous pouviez avoir été au courant de la maladie de Lyra… Et ce quand il était encore possible d’appeler un guérisseur pour sauver votre Intendante…
- Elle ne m’a jamais prévenue. Elle était trop fière. A croire qu’elle se prenait pour une dame de qualité.
- Ah, je suis sûre que ses qualités n’étaient pas les mêmes que les votres. Mais peut être n’était il pas nécessaire qu’elle vous prévienne. Ca avait lieu dans votre domaine…
- Si vous êtes sûre de votre fait, qu’attendez-vous pour me trainer devant la justice. ?
- Parce que je n’en suis pas sûre, et parce que ne rien faire n’est pas considéré comme un crime dans ce pays. Ce n'est qu'un déshonneur sans nom.  Ce que vous souhaitez sans doute éviter, cependant. En conclusion, je dirais que Vous avez mille raisons de vouloir nuire à la fille de Lyra.  Mais si, par malheur, quelqu’un lui mettait des bâtons dans les roues, et que, par un hasard extraordinaire, ce quelqu’un ait un quelconque rapport avec vous, croyez bien que je m’arrangerais pour que mes soupçons soient largement partagés. Et le soupçon, Madame, est souvent pire que la certitude. Rien ne nous en délivre vraiment quand on n’a aucun moyen de prouver son innocence. J'ajoute que j’ai fait en sorte que des gens de confiance connaissent mes craintes à votre égard, au cas ou vous voudriez me faire taire. Ne jouez donc pas à l’idiote sous peine de gagner.

Sur ces mots la vieille Dúnadan se leva et partit sans plus d’au revoir qu’elle n’avait apporté de bonjour. Sur place, elle laissait un être plein de colère impuissante. Mais elle n’en n’avait cure…

Plus tard, une conversation avec Esmée devait clore au moins provisoirement le sujet :

« Mère, a-t-elle vraiment laissé mourir Lyra ? Si c’est le cas, aucune de tes promesses ne m’empêchera de réclamer le prix du sang de mon enfant !
- Je le sais, Esmée. Mais je te signale que je n’ai fait que la mettre en garde dans le but de protéger la petite. Je me suis bien gardée de lui promettre quoi que ce soit. »
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« Répondre #7 le: 2010-02-17, 11:46:10 »

Le changement ne sautait pas aux yeux. Pas immédiatement. Elle portait toujours les mêmes tuniques blanches soigneusement repassées que sa grand-mère lui fournissait. Esmée avait tendance à couver la petite, ce qui agaçait souverainement Eïlenel.
Sa chevelure épaisse, bouclée, crépue par endroit, qui ornait son chef comme celui de toutes les femmes de la famille depuis Eïlenel, recommençait à se former. Mais cela ne suffisait pas à expliquer le changement. Non, c'était une manière de se tenir. Une posture nonchalante qui n'avait rien de la raideur de certains de ses frères en chevalerie mais qui évoquait assez le matou de gouttière en goguette. Même si la jeune fille sacrifiait aux bonnes manières et aux codes de la chevalerie en saluant chacun selon son rang, comme il se devait.

Et puis après l'avoir croisée, on prenait soudain conscience de ce que la jeune fille semblait plus féminine mais d'une manière étrange. Étrange  car elle ne se laissait pas aller aux minauderies des jeunes filles de son âge. Ce qui ne voulait pas dire qu'elle n'en connaissait pas les interrogations.

Car le problème de Miya, c'est qu'elle prenait petit à petit conscience de ce qu'elle pouvait être un objet de désir. Chez le Vicomte Tancrède, nul serviteur ne se serait laissé aller à la regarder de cette manière, car le Seigneur l'aurait vu d'un fort mauvais œil. ET tant qu'elle avait « été un garçon », elle en avait été à l'abri. Mais depuis qu'elle devait assumer son genre hors de tout milieu protégé, elle découvrait cet aspect des choses de diverses manières parfois désagréables. Entre les propos salaces (fort heureusement plus rares) de ses confrères écuyers, une tentative de viol et le regard enamouré d'un jeune soigneur qui la laissait aussi froide qu'un bloc de glace, ça commençait à « lui courir sur le haricot ».

Et bien sûr, il était hors de question d'en parler à Estelglin.

Eïlenel l'écouta patiemment. Devenir femme était parfois difficile.

« Tu as parfaitement raison de ne pas vouloir être regardée comme un bout de viande. Mais ne mets pas dans le même sac des goujats, des criminels et ce pauvre garçon qui n'a eu envers toi que des gestes respectueux. Les hommes qui se conduisent bien sont assez rares pour qu'on ne le leur fasse pas trop durement payer…
- Mais il ne m'intéresse pas.
-Alors règle ça avec lui. Explique lui, mais avec gentillesse. Il se peut que tu aies à briser un cœur. Ne rajoutes pas à sa souffrance. »

Eïlenel reprisait l'armure de peau fatiguée de sa jeune descendante. Ses mains restées agiles maniaient l'aiguille avec une dextérité surprenante. Elle coupa le fil avec ses dents, puis elle rompit le silence.
« Tu ne dois pas te contenter d'être objet, tu dois être sujet. Le désir des autres, approprie le toi. S'il n'est pas réciproque, laisse-le  te flatter (sans en perdre le sens commun pour autant), il te donnera de l'assurance. S'il est irrespectueux, retourne-le contre ton adversaire : Un goujat ne se montre goujat que parce que lui-même est déstabilisé.
- Ça parait compliqué
- Je suis sure que tu sauras faire ça très bien.
- Ça me parait… dégoûtant…
- N'en crois rien. Tu as été confrontée à des hommes qui l'étaient mais cet instinct ne l'est pas en lui-même . Un jour, tu seras amenée toi-même à l’éprouver… »
La jeune fille rougit violemment.

«  Il en est ainsi de la plupart des relations humaines, Petite. Sois on accepte d'assumer ce qu'on provoque chez les autres et l'on sait le retourner à son avantage, soit on est un objet, un petit bâton emporté par le flot des passions d'autrui. C'est vrai de l'amitié, de l'amour, de la haine, et c'est vrai du désir charnel. Quel que soit le sentiment de ton vis-à-vis, tu dois t'imposer comme sujet. Et un sujet assume sa nature, il ne la cache pas.
- Quoi ? Je devrais mettre des robes et rire bêtement  au milieu de grues enfarinées…
- Oh Petite ! A part les robes sur lesquelles on peut trouver à discuter,  je ne crois pas avoir ne serait ce qu’un jour correspondu à cette description. Ni Esmée, ni ta mère, ni encore ma mère ou la terrible Saïta. Nous n’en sommes pas moins des femmes. A toi d’inventer ta manière de l’être. Mais sois le !»
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« Répondre #8 le: 2010-02-18, 12:27:45 »

« Comment sait on que l’on est amoureuse ?
- Tu en as des questions, Petite ! Tu crois l’être ?
- Je ne sais pas. Je ne suis pas sûre…
- L’amour c’est la grande affaire de la vie. Tout le monde court après ou le fuit. Et personne n’est satisfait. Car l’Amour est une puissance qui est au-delà de la volonté humaine. On ne s’aperçoit jamais que l’on est en train de tomber amoureux. Si on s’en aperçoit, c’est que c’est déjà trop tard. La révélation de l’amour donne l’impression qu’on s’est pris les pieds dans le tapis sans savoir comment. D’où d’ailleurs l’expression « tomber » amoureux. Es tu amoureuse ?"

Miya écoutait, pensive.

« Je ne sais pas…
- Ecoute bien.  Tout d’un coup, on s’aperçoit qu’un être a pris une place centrale dans notre vie. Comme ça, sans qu’on y prenne garde. Il s’est imposé à notre esprit au point que ce qui a trait à sa personne, le moindre détail, nous inquiète, nous émeut, nous intéresse. Une parole de travers et c’est le drame ! On suppute, on suppose mille choses à son sujet. Es tu amoureuse ?
- Je…
- Ecoute encore. Il ou elle n’est jamais ce à quoi on s’attendait. Il ya toujours un détail qui cloche et qui fait qu’on se demande comment il est possible qu’on se mette dans de tels états pour lui ou elle. On sait qu’il a des défauts et on se raisonne en les énumérant. On cherche les inconvénients pour bien se convaincre que NON on ne peut pas être amoureux. Que ce ne serait pas bien, que c’est interdit, impossible, ou que de toute façon, il ou elle n’est pas notre type. Qu’en somme ce n’est qu’une tocade qui passera. Sauf que quand c’est vraiment une tocade, il n’ya jamais de trouble pareil. C’est une grossière erreur  que de mesurer cela à l’aune de la raison, mais on le tente quand même. C’est là le déroulement normal d’une prise de conscience parfois lente et douloureuse… Es tu amoureuse ?
-…
- Ce qui est trompeur, parfois, c’est que le désir charnel lui-même ne vient pas tout de suite. Parfois il est là, mais pas toujours. Du coup on trouve mille excuses à cette dépendance psychique qui n’ont vraiment rien à voir. C’est parce que lui ou elle est particulièrement admirable pour telle ou telle raison. On dresse des barrières entre soi et l’objet de son affection toute neuve. On se débrouille pour ne pas avoir à y penser. Et ce n’est qu’alors que le désir, s’il n’était pas déjà là, intervient. Car il commence, petit à petit à saper nos défenses, à torturer doucement sa pauvre victime. On commence à faire des rêves explicites, on se retrouve  mal à l’aise dès que le sort nous place dans une position un tant soit peu ambigüe face à l’être adoré. Es tu amoureuse ? »

La jeune fille ne disait plus rien. Elle ne regardait plus son aïeule, elle était aussi rouge qu’il était possible de l’être.

« Ecoute bien encore. L’être qui aime est alors pris au piège. Son esprit est dévasté. Son cœur ne semble plus lui obéir et bat de façon anarchique à une vitesse inversement proportionnelle à la distance d’avec son adoré. Son bas ventre est mordu par cette vorace petite bête qu’est le désir. Si son amour n’est pas partagé, son seul espoir est de s’en éloigner le temps nécessaire à la guérison. S’il est partagé, sa félicité peut être sans pareille. Mais….
- Mais … ?
- Serais tu amoureuse ?
-…
- Mais, le pire cas de figure, c’est l’amour partagé que les circonstances rendent impossible. Car alors, même inassouvi, il peut perdurer longtemps et provoquer de longues et terribles souffrances. L’espoir est un poison en matière d’amour. Se savoir aimé donne espoir, même quand d’autres obstacle se dressent entre les amants. Il est rare qu’ils en viennent à bout, même si la littérature y a trouvé son matériau de prédilection. Es tu amoureuse ? »

La jeune fille était passée du rouge tomate à la pâleur extrême. Ses yeux luisaient d’un feu vert.
«  Je crois que oui. «

La vieille Eïlenel soupira.
« J’espère que tu guériras vite… »
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« Répondre #9 le: 2010-02-21, 11:16:34 »

"Tu te fais du souci pour pas grand chose. Je t'accorde que le personnage a de quoi intriguer. Surtout quand on connaît un peu les arcanes de l'économie. J'essaierai de le surveiller, car c'est surtout ce point là qui m'inquiète. Mais pour ce qui est de ce qu'il t'a dit, il peut y avoir mille explications..."
Le thé fumait et  Eïlenel se resservît en petit gâteau au miel. La vieille femme était gourmande. "Et c'est le seul plaisir charnel qu'il me reste." disait elle avec son humour et son franc parler habituel...

"Oui, mille explications. Un sosie, c'est rare mais ça existe. Il se peut aussi que tu lui rappelle quelqu'un qu'il a connu, et nul besoin d'une ressemblance frappante pour cela. C'est peut être aussi une tentative d'approche particulièrement éculée. Mais les hommes ne sont pas forcément imaginatifs en la matière. Enfin il se peut aussi, et je l'espère car ça aurait le mérite de donner une explication rassurante aux prix qu'il pratique pour le bois, qu'il soit complètement fou. Ça arrive, tu sais."

La vieille femme engouffra un énième petit gâteau et sirota son thé.

"En tout cas, je te confirme une chose : Lyra n'a, à ma connaissance, jamais été à Umbar. Ni Esmée. J'ai, pour ma part, été y faire un tour il y a une vingtaine d'années. Mais je ne vois pas comment on aurait pu nous confondre, toi et moi. J'étais déjà vieille. Ma mère y allait souvent pour ses affaires. Mais Yoni est morte il y a plus d'une quarantaine d'années...
- Qu'est ce que je dois en penser ?
- Confies toi à ce cher chevalier si tu veux. Je ne serais de toute façon pas fâchée qu'il garde un oeil sur ce drôle. Mais ne vois pas de menace particulière dans ce qu'il t'a dit. Ce n'est peut être qu'une provocation de jeune homme. Tu as cependant bien fait de m'en parler...

Oui, Miya avait bien fait. Son aïeule se voulait rassurante car la jeune fille avait suffisamment de soucis comme ça. Mais Eïlenel était loin d'être aussi tranquille qu'elle le disait. Et derrière la placidité de façade de la vieille commerçante, il y avait le bouillonnement d'un crâne au travail. Eïlenel reniflait quelque chose qui n'augurait rien de bon. Et c'est pourquoi elle espérait que la jeune fille s'en ouvrirait à la chevalerie...
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« Répondre #10 le: 2010-03-03, 10:53:53 »

« Qu’est ce que tu n’as pas compris, au juste, dans «  reprise PROGRESSIVE des acvtivités » ? »

Eïlenel tançait gentiment  la jeune écuyère qui  s’immergea totalement dans son bain en guise de réponse. L’aïeule sourit légèrement. De l’eau achevait de détremper le sol ou un linge, posé là par Esmée, tentait désespérément de limiter les dégâts. La «  gamine » avait passé deux jours dehors en chasse. Et si certaines douleurs en avaient résulté, Miya n’en était pas moins ravie. Rester entre quatre murs, ou à tout simplement à l’intérieur de l’enceinte de la ville n’était pas dans sa nature et elle avait souffert des contraintes de sa convalescence. Eïlenel le savait, même si elle eut préféré plus de prudence de la part de sa jeune descendante.

Elle n’avait pas interrogé Miya sur la nature de ce qu’elle avait affronté. Mais nul besoin d’être devineresse pour savoir d’où venait le bateau qui l’avait ramené à Dol Amroth. Il suffisait d’avoir des oreilles bien placées. Et nul besoin non plus d’être affublé d’un sixième sens pour percevoir en Miya les doutes et questionnements de ceux qui ont « été au feu «  pour la première fois. Elle savait aussi que, si Miya ne lui en parlait pas, c’est que le silence lui était imposé par quelque parole donnée. Et c’était une chose qu’Eïlenel respectait trop pour se permettre de « cuisiner » la gamine. Elle le saurait. Par d’autres voies. Inutile de mettre l’écuyère dans l’embarras.

Ce soir, elle préférait, et de loin admirer ce qu’était devenu la jeune fille en quelques mois. Il n’y avait plus guère trace en elle de la gamine mal attifée qu’elle avait alors rencontrée. C’était maintenant une jeune lionne aux muscles et aux mouvements fluides comme l’eau dans laquelle elle évoluait. Un calme apparent, une nonchalance affichée dissimulaient la violence passionnée de sa nature. Quand celle-ci explosait, ça n’en était que plus effrayant. Mais à cet instant, elle était totalement détendue, inconsciente même du charme qu’elle irradiait. Si elle avait pu ronronner, elle l’aurait fait.

Eïlenel ne se voilait pas la face sur le potentiel de Miya autant que sur ses aspects sombres. C’était le propre des lionnes que d’avoir deux visages. Mais la petite avait un bon fond. Elle était dure, certes, surtout pour un âge si tendre.  Mais sa senbilité n’avait pas été trop engourdie par les épreuves. Elle restait capable d’empathie, et surtout, capable d’aimer. Sans pour autant souhaiter qu’elle continue à souffrir de la passion amoureuse, il était rassurant qu’elle soit capable de l’éprouver. 

  « Beau travail, Lyra. Tu as très bien élevé ta fille. Quel dommage, cependant, que tu aies eu à la quitter si tôt. Je tâcherai de terminer comme tu as commencé.»
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« Répondre #11 le: 2010-03-04, 09:58:53 »

« Mais pourquoi lui as-tu demandé CA ?
- Je suis ravie de voir que ta confiance m’est toujours acquise et que tu as toujours foi en mes capacités. Cela me rassure et me comble, ma fille. »

Esmée haussa les épaules.  Eïlenel usait fréquemment du sarcasme et de l’ironie. C’était un moyen de défense comme un autre. Mais sa fille n’était pas dupe. Esmée n’était peut être pas aussi charismatique ni aussi autoritaire que sa mère, mais elle était loin d’être idiote. Elle savait quand sa mère avait une idée en tête… Et Eïlenel savait qu’Esmée reviendrait à la charge.

« Je le lui ai demandé pour deux raisons. La première, c’est que cette femme m’intéresse. Je veux voir si elle est capable de collecter ce genre d’informations, basées sur l’observation et la psychologie,  sans se faire repérer par le principal intéressé.
- Une forme de « test », en quelque sorte ?
- Oui. Elle semble posséder le genre de personnalité qui nous intéresse . »

Eïlenel aspira une longue bouffée d’herbe à pipe. Elle évitait autant que possible de fumer devant témoin. Non pas qu’elle ait l’habitude de se conformer à une convention sociale avec laquelle elle était en désaccord, mais parce que son âge lui conférait une respectabilité qui pouvait lui  être utile. Son vice secret pouvait l’écorner.
« Tu as parlé d’une deuxième raison…
- Ce que tu peux être impatiente, par moment, ma fille ! »

Elle souffla la fumée par les narines avec l’expression du plus vif contentement.

« Puisqu’il faut tout t’expliquer. Je suppose que tu entends les méchancetés que certains font courir au sujet de Miya et en particulier d’elle et  de son chevalier…
- Si tu commences à l’appeler « son » chevalier, tu vas finir par me faire penser que tu les accrédites
- Rhô ! Esmée ! Je me comprends. Il va de soi que je ne parle ainsi qu’entre nous…  Pour en revenir à Miya… »
Elle aspira une nouvelle bouffée et la recracha aussitôt, ou presque.

« J’ai de bonne raison de penser que ce grand dadais de Tancrède est maintenant au courant de ce qu’elle est dans la chevalerie. Plus tôt, il aurait pu tenter quelque chose. Quand elle ne s’était pas encore faite remarquer. Mais depuis, elle est devenue une candidate crédible à l’adoubement. Il ne peut rien faire en l’état actuel des choses…
- Tu penses que les rumeurs actuelles pourraient lui fournir une arme ?
- Il veut toujours autant récupérer sa fille et il est clairement opposé à une présence féminine dans le métier des armes. Alors je pense que oui, il pourrait être tenté de s’en servir quand il en aura eu connaissance. D’autant que ses sentiments paternels pourraient être remués par l’idée d’une Miya victime innocente d’un supérieur indélicat…
- C’est un peu n’importe quoi, comme idée.
- « N’importe quoi » résume assez bien les décisions prises par Tancrède durant ces seize dernières années.
- Mais il n’aurait pas peur du scandale ?
- Si, il en a peur. Mais la menace d’un scandale pour le contrer me parait insuffisante, s’il pense la petite menacée. Le  but ultime est de préserver les chances d’adoubement de Miya. Même si elle est plutôt bien placée pour, le secret autour de sa naissance plus une suspicion autour des relations avec le chevalier, ça fait beaucoup. »
Esmée regardait sa mère, incrédule :

«  Ne me dit pas que tu crois à ces bêtises ! Pas toi !
- Ma chérie, la seule chose que je sais, c’est que ce pauvre chevalier n’est certainement pas un pervers. Mais c’est un être humain. La question n’est pas de savoir ce qu’il a fait car je suis à peu près persuadée qu’il n’a rien fait. La question est de savoir ce qu’il a dans la tête ! Je ne veux pas me retrouver face à une mauvaise surprise au moment ou il me faudra affronter la tempête. Si je veux pouvoir les aider, je dois connaitre la vérité. Ce jeune fou se méfie de moi, il se surveille bien plus quand je suis dans le coin. «Elle » sera plus efficace. C’est une femme d’expérience. Elle saura peut être renifler s’il s’agit vraiment d’une sollicitude toute confraternelle. Ce qui est aussi possible. Les jeunes gens ne savent pas toujours à quel point leurs manières peuvent être ambigües…
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« Répondre #12 le: 2010-03-08, 09:49:54 »

« Qu’est ce qui t’as faite changer d’avis ? »

La vieille Dúnadan envoya une bouffée de fumée. Miya la regardait, intriguée. Cette pratique la déconcertait toujours un peu.

«  Je ne sais pas si je resterai dans la chevalerie. » lâcha t’elle enfin. Et Eïlenel sentit, dans cette simple phrase, toute la somme des petites douleurs accumulées devenues grosse boule de souffrance.

« Tss ! Tu n’en sais rien. Ne fais pas un tel choix sous le coup du chagrin ou de la colère. Ce que tu me dis peut très bien se solutionner. Tu sembles avoir pris quelques bonnes décisions dans ce sens.
- Tu ne les trouve pas démesurées ?
- Oui et non. Tu es sur une corde raide. Je t’enjoins à jouer finement pour ne pas tomber. Mais ça peut faire bouger les choses… »

Eïlenel se garda bien de dire le fond de sa pensée. Elle était à la fois intéressée et inquiète. Car cela pouvait déraper. Mais si la gamine savait se contenir, ça éclairerait son avenir d’un jour nouveau. Et il y avait dans toute cette situation assez dramatique une forme de comique assez curieux auquel elle était sensible.

«  Ce qu’il faut que tu saches, à propos de « nous », c’est que même si nous sommes en sommeil depuis des décennies, nous n’en sommes pas moins prêts à reprendre du service. Et il semble que le temps y soit favorable, hélas.
- Estelglin dit que je ne peux cumuler deux allégeances.
- Estelglin ignore beaucoup de choses. Il ne sait pas vraiment ce que nous sommes. Sinon il saurait que notre allégeance et celle de la chevalerie n’est au fond pas fondamentalement différente.
- Quoi ? Le Prince ?
- Ne fais pas la sotte ! Les princes passent vivent et meurent ! Les Gardiennes meurent aussi ! Mais ce qu’ils défendent subsiste. Et c’est parce qu’ils le défendent qu’il subsiste. Les valeurs de la chevalerie pourraient se résumer par « protège les faibles ». Les notres aussi. Sauf que nos codes sont moins stricts que les leurs. Nous avons même fait en sorte de les rendre compatibles afin que nos membres ne soient pas en butte à des conflits d’intérêts qui les auraient amenés à devoir choisir. Car vois tu, nous avons eu des membres dans la chevalerie, et même des membres éminents. Ton chevalier de tutelle serait surpris de connaitre lesquels…
- Au fond, vous ratissez large !
- Ah détrompe-toi ! Nous effectuons, au contraire, un tri minutieux parmi ceux qui sont susceptibles de nous intéresser ! C’est pourquoi, une fois que nous avons un être dans notre ligne de mire, nous ne sommes guère disposer à ce qu’il hésite à cause d’une autre allégeance.
- Mais alors ? Qu’est ce qui vous réunit ?
- Une certaine philosophie, une certaine idée de ce que devrait être le monde. Un désir de savoir et de diffuser le savoir. Et une manière d’œuvrer qu’on pourrait résumer à «le bon savoir à la bonne personne au bon moment… »…
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« Répondre #13 le: 2010-03-09, 17:50:22 »

Cliquete clic clic !
C'est là ! Ça se rapproche...
Cliquete clic clic !
Les écailles sur la roches
Cliquete clic clic !
claquent et cliquent, s'accrochent

Sssssssss...
chhhhht...

La jeune fille s'agite. Elle a peur.
La mère de toutes les douleurs
Va t'elle venir à bout d'elle ?

Allons viens, Nous saurons t'aimer... dit la voix sucrée-amère. Le mensonge a ce goût là.

Mais l'autre voix, grave et grondante tient un autre discours :
"Va ou furent les elfes. Les terres qu'ils foulèrent furent bénies.
Replace-toi sous l'aile du cygne..."

La jeune fille s'éveille en sueur. La campagne est déserte.  Les étoiles sont toujours là.
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« Répondre #14 le: 2010-03-10, 10:05:10 »

"C'est une de ces abominations qui ne furent pas répetoriées par les peuples du nord car ils avaient d'autres chats à fouetter. Une monstruosité dont nous nous sommes toujours demandé si elle émanait de nos cauchemars ou si elle les avait fondés. Les grandes horreurs d'autrefois masquaient les petites. Mais si petite soit elle, il n'est pas à la portée d'un simple mortel de la détruire. Pas aisément. Du moins est-ce là ce que dit la légende...
Rêves tu d'elle parce que tu as appris son existence, ou parce qu'elle perçoit la tienne ?  Est elle réellement capable de peser sur nos cauchemars ? Nous ne le savons pas avec certitude. Elle est une des grandes terreurs de nos mère. En fait, on ne sait même pas si elle existe réellement ou si elle EST la peur.  Omé, dont on dit qu'il est son fils préféré, existait réellement puisque Saïta l'a tué. Mais peut être était-ce une figure de style, une parabole pour expliquer que le pouvoir de ce monstre était avant tout dans la peur qu'il inspirait. Yoshebeth pourrait t'en dire plus car elle a vécu un temps là bas.  Mais elle est superstitieuse et croit au mauvais oeil.
- Mais toi ? Qu'en penses tu ?
- Moi ? Je pense que son existence est une possibilité. Mais si elle existe, elle est loin au sud. Pourquoi viendrait elle réclamer la dette de sang ici et maintenant ? Parce qu'une autre lionne est venue au monde ?  Possible.  Mais ce serait un peu rude. Je pense que tu t'es surtout laissée prendre à la peur qu'inspirent ces histoires. Mieux vaut pour toi en retirer l'enseignement qu'elles procurent et laisser de coté leur éventuelle véracité. Cependant, il serait bon que tu prennnes au sérieux l'avertissement de ton rêve. Si celà t'est venu, ce n'est pas sans raisons, même si ce n'est pas forcément celles que tu crois."

Eïlenel tira une bouffée de sa pipe.

" En tout cas, je peux t'affirmer une chose : il est vrai que là ou vécurent des elfes, la terre s'en souvient. Et la terre est notre amie."
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« Répondre #15 le: 2010-04-11, 22:29:43 »

Le retour à la cité des princes s’était fait sans encombres et la jeune fille avait retrouvé l’ambiance paisible du Belfalas. Bien qu’elle n’ait jamais été citadine de nature, elle devait admettre que cette cité ci lui agréait. Par sa taille, modeste, la place accordée à la verdure, et surtout parce qu’au contraire d’ailleurs, les rues n’y étaient pas des goulots étroits et étouffants.

Elle y vaquait  à ses occupations depuis un jour ou deux, dans l’attente des ordres de sa hiérarchie  à propos de l’affaire sur laquelle elle enquêtait. Elle avait d’ailleurs à donner  à son chevalier de tutelle une missive de la part du magistrat Khébras. Son impatience à le revoir était grande. Mais grande aussi était son angoisse. Et plus le temps passait, plus celle-ci montait.

Si l’absence éteint les petits feux, elle ravive aussi souvent les grands. Elle était toujours irrémédiablement amoureuse. Et son esprit tourmenté inventait dix mille choses à la minute. Comme nulle nouvelle ne laissait à penser que le chevalier paladin ait pu avoir un quelconque accident, son angoisse numéro une était qu’il ait deviné…

Ses dernières missives n’avaient elles pas été trop familières ? N’avait elle pas, submergée par l’émotion d’instants dramatiques, laisser percer son inavouable passion ? Peut être la fuyait il, écœuré de ce coupable penchant. Il ne l’aimait pas. Elle ne cessait de se le répéter depuis longtemps mais ça ne la guérissait pas. Un espoir ténu restait, qu’alimentaient les petites attentions qu’il avait parfois pour elle. Ce n’étaient pourtant rien d’autre que des gestes d’amitié. Elle le savait…

Que ferait-elle une fois adoubée ? Lui révèlerait-elle ses sentiments, au risque de perdre son amitié ? Devrait-elle ainsi crever l’abcès qui la rongeait ? Quelle que soit l’issue elle lui apparaissait douloureuse. Et aucun secours de la providence ne semblait être à espérer.

C’est dans cet état que Miya attendait d’affronter ce qui promettait d’être un des jalons de sa carrière au sein de la chevalerie. On avait vu mieux.
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« Répondre #16 le: 2010-06-19, 11:26:15 »

Les rues de Minas Tirith étaient fidèles à elles mêmes. Si depuis longtemps la ville ne vivait plus sous la difficile pression de guerres quasi permanentes, chaque coin de rue en avait gardé comme la marque indélébile. Arpenter ses rues, c’était arpenter le passé. Dans le bas cercle, quelques dégâts (rares, cependant) avaient même été laissés en place, permettant de mesurer une brutalité dont aucun habitant n’avait plus le souvenir.

C’était peut être pour cette raison que la cité n’avait, contrairement aux autres villes du Gondor, moins accueilli de surcroit de population après le conflit. Si elle restait largement la plus énorme de ses cités, un grand nombre de maisons restaient encore inoccupées.
Et plus on montait dans les cercles supérieurs, et plus les bâtisses, somptueuses, parlaient de ce temps qui n’était plus. En les arpentant, la petite écuyère se sentait, comme à chaque fois, en décalage avec ces grands murs de marbre aux blancs divers. Mais  au détour d’une rue, il y avait les maisons de guérison. Et dans les maisons de guérison, il y avait Estelglîn.

Sa dernière lettre lui avait laissé une curieuse impression, entre euphorie et malaise. Et en cet instant, le malaise l’emportait. Elle se préparait à mettre son destin entre les mains d’un chevalier amnésique.  Mais il ne le resterait pas. Et il aurait le temps de prendre une décision, car elle partirait très vite s’isoler. Elle avait obtenu une permission, étant donné que la dernière en date remontait au début de sa formation et que ses états de service étaient assez conséquents. Mais elle ne pouvait s’absenter longtemps sans en avertir son chevalier de tutelle. Elle avait donc plus d’une raison de vouloir lui parler.

Elle avait l’impression que son estomac allait se retourner, tant elle appréhendait cette discussion. Leurs relations, devenues ambigües, ne l’y aideraient pas. La peur de décevoir, une sourde culpabilité, un léger fond de rancune et le désir charnel croissant se mêlaient en elle en une  symphonie amples et criarde.

Il était hors de question de lui avouer ses sentiments. Il n’était plus tout à fait lui-même, ce serait presque abuser de sa vulnérabilité. Mais comment lui expliquer, alors, ce qui la rendait aussi effrayée qu’une biche aux abois ? Comment lui expliquer qu’elle devait partir pour redevenir un peu elle-même et pourvoir, de retour, affronter toutes les conséquences de ses gestes ? Sa timidité lui faisait horreur. Ses actes l’écœuraient. Il fallait se retrouver…

Oui cette discussion promettait d’être ardue et délicate. Après seulement, quelle que soit la décision future du chevalier, elle pourrait respirer un moment, loin des cités de pierre, des hommes, des guerres. Seule avec la petite musique de son cœur.
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« Répondre #17 le: 2010-07-23, 11:35:55 »

Elle ne pleurait plus. S’étourdissant dans les préparatifs de son retour à Dol Amroth. Elle devrait demander à l’Ordre de lui donner un nouveau chevalier de tutelle si cela était possible. Mais ça ne serait pas pareil. Elle remettrait au premier chevalier la missive qu’Estelglîn lui avait confiée.

C’était la fin d’une époque. Une de plus. « Il » avait pris la décision de partir. De partir loin, dans le nord. Et devant sa détermination à la laisser, elle lui avait tout dit. Tout en lui interdisant toute réponse, positive ou négative…

« Une réponse me tuerait ».

Oui une réponse la tuerait, ou tuerait quelque chose en elle. Elle avait toujours aussi peur de se confronter à la réalité de ses sentiments ou de son absence de sentiment, à lui. Il était plus facile de lui interdire de dire quoi que ce soit.

Et puis elle en avait assez des hommes ! Lui compris ! La douleur, l’abandon qui lui infligeait, tout en la décevant, la soulageait un peu. La douleur lui était une chose familière. La déception aussi. Elle saurait la gérer.

Mais cela faisait mal. Très mal.
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« Répondre #18 le: 2011-04-22, 14:26:53 »

Trois années. Quel est l'imbécile qui a dit que le temps guérit tout ? Bien sûr qu'il guérit tout, si les plaies ont été bien nettoyées et si les soins furent bons.
Trois années passées à servir le cygne sans rechigner, à tenter de marquer des points. Seulement voilà, Miya n'avait plus de chevalier de tutelle. Et aucun n'avait osé reprendre le flambeau d'Estelglin. Malgré tout ce qu'elle avait fait. On lui faisait payer cher ses prétentions, son talent, et le fait d'avoir été au service d'un chevalier controversé...

Bientôt vingt ans, toujours écuyère. C'était rageant. Des jeunes gens bien moins talentueux qu'elle avaient depuis longtemps été adoubés.

Au bout d'un moment, elle avait accepté un poste sulbalterne : elle formait les patrouilles des gardes du Belfalas au pistage. Même pas des chevaliers des GARDES. Elle n'avait du coup plus guère de temps pour cultiver ses propres talents. Mais au moins était elle au grand air.

Elle avait changé, était devenue plus cynique, plus dure. Et elle menait la vie dure à ceux qu'elle formait et ce d'autant plus qu'elle savait que, derrière son dos, sa non-accession à la chevalerie faisait l'objet de quolibets.

Pas d'amant. Elle avait remisé sa sensualité naturelle. Désormais, quand elle marchait, c'était non plus le jeune chat de goutière de ses débuts que l'on voyait mais une lionne rageuse roulant des mécaniques, engoncée dans ses corsets de cuir comme dans un arbre dans son écorce. Vierge de glace et de feu, ses boucles dorées étaient les seules traces d'une candeur de jeune fauve qui avait disparu , dévorée par son ressentiment...

Elle avait obtenu une permission. la première en trois ans et comptait s'en servir pour faire le point.
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« Répondre #19 le: 2011-04-30, 14:05:10 »

Le box vide, c’était ce qui était le plus difficile. Un garçon d’écurie avait esquissé un geste de réconfort qu’elle avait rejeté avec une certaine violence. Même étrangère, elle sentait vaguement qu’on ne lui en tiendrait pas rigueur. Les gens du Rohan aimaient leurs chevaux plus que tout au monde et étaient les mieux à même de comprendre le chagrin de la jeune écuyère.

Bel-Allant était un vieux cheval. Quand quatre ans plus tôt elle s’était enfuie du domaine, elle l’avait volé dans les écuries de son père. Il n’avait déposé aucune plainte. Il lui aurait fallu expliquer des choses gênantes. Le vieil étalon l’avait suivie presque partout. Seul témoin d’une époque ou la jeune écuyère prometteuse, grimée en garçon, avait plus l’allure d’un enfant des rues que d’une candidate à l’adoubement.

Oui, ils en avaient vu ensembles. C’était aussi sur son dos qu’elle avait fui Minas La Blanche lorsque les manigances d’Emma l’avaient envoyée en prison. C’était sur son dos qu’elle avait chevauché avec Estelglin. Lorsqu’elle faisait sa litière, elle s’occupait aussi de celle de Nuage d’encens, le cheval de ce dernier, comme l’exigeait sa charge d’écuyère…

Il l’avait suivi jusqu’à cette traversée du désert de ces trois dernières années.  Bel-Allant avait succombé à l’âge, marquant la fin d’une époque. Elle avait l’impression qu’une part d’elle-même était morte avec lui. Elle se sentait si désemparée sans cette présence familière et finalement relativement discrète auprès d’elle…

Elle soupira, refoula les sanglots qui l’agitaient. Il lui faudrait une nouvelle monture.

Elle n’en avait pas du tout envie.
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« Répondre #20 le: 2011-05-04, 19:27:07 »

« Il est fort probable effectivement qu'il le puisse. Il est ami avec un thane de l'épée. Et tu n’as ici aucun pouvoir.
- Je n'ai aucune envie de me laisser dicter ma conduite par un....
- Ne dis rien que tu regretterais. »

La vieille femme filait dans sa chambre et le fuseau s'agitait sur un rythme rapide, mais elle restait calme, alors que sa jeune parente, elle, allait et venait de long en large...

«  J'ai des projets pour toi, Miya.
- Vous pourriez me demander mon avis...
- C'est ce que je fais. Abandonne cette piste.
- Pardon ?! »

La jeune fille se retourna et ses yeux brillaient d'une telle manière que même les yeux malades d'Eïlenel ne pouvaient manquer de le remarquer. « Oh père », songea t'elle « Elle tient également beaucoup de toi. »
Son ton se fit plus doux.
« Mon enfant, tu n’es pas en état de l’affronter et il le sait. Ta vie personnelle est agitée et tu as de l’affection pour lui. D’autres devront s’occuper de cela. Quand cette histoire sera terminée, j’aimerais que tu m’accompagnes dans le nord… »

La jeune fille hésita. Cette proposition faisait écho à cette tentation qu’elle avait de partir à la recherche de son mentor. Mais elle avait peur de ce qu’elle trouverait, ou ne trouverait pas là bas. Elle savait en outre que ce n’était pas pour cela que son aïeule le lui proposait.

« Je suis écuyère de Dol Amroth.
- Mais tu n’as plus de chevalier de tutelle. Et as pourtant besoin de suivre un enseignement. Demandes à ta hiérarchie l’autorisation de partir y passer quelques mois afin de te perfectionner dans tes talents, de te familiariser avec les problématiques de la capitale. Je suis sûre qu’ils ne verront aucune objection à cela. Ils ne savent peut être pas encore quoi faire de toi mais ils ne t’ont pas renvoyée. C’est qu’ils te jugent encore utile. Ils ne peuvent pas te refuser de le devenir encore d’avantage. Fais-toi connaitre en bien dans l’Arnor et tu marqueras des points. »

La jeune fille hésitait encore.

«  Si tu étais chevalier, ta situation actuelle serait nettement moins épineuse. C’est peut être paradoxalement en sortant du Belfalas que tu trouveras le moyen de le devenir… »
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