Auteur : Ted Nasmith
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Turambar  |  Rôle-Play - Quatrième Âge  |  Forum Role Play  |  Fil de discussion: Une histoire de rêve...
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Auteur Fil de discussion: Une histoire de rêve...  (Lu 2954 fois)
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« le: 2012-10-14, 19:01:00 »

Le soleil était écrasant en cette fin d'après-midi quand un cavalier encapuchonné guida sa monture au trot vers l'unique maisonnée visible au loin. En s'y approchant, il remarqua du mouvement dans ce qui ressemblait à un grand jardin, à l'arrière de la maison. Il posa un instant son regard sur le jeune homme torse nu aux longs cheveux noirs attachés maladroitement en queue de cheval et à la barbe mal rasée qui s'essoufflait à travailler la terre. Après un petit moment, le voyageur ouvrit la bouche :

« Bonjour ! »

Le fermier s'arrêta à ces mots, souffla un grand coup, et, chassant une mèche de devant son visage, tourna la tête vers l'étranger.

« Bonjour. »

Puis, cela dit, il reprit son travail.
L'encapuchonné ressentit une légère gène, mais continua malgré tout.

« Je viens d'Umbar, et vu que vous êtes la seule trace de civilisation que j'aie vu depuis plusieurs heures, je me demandais s'il était possible de vous demander le gîte pour la nuit.
- Vous êtes bien loin de la route principale, voyageur. Qu'est-ce qu'un Umbaran vient faire par ici ? »

L'encapuchonné ne s'offusqua pas que le fermier ne le regarde même pas et n'arrête pas son travail pour lui répondre.

« J'ai dû me perdre quelque part, mais je ne sais pas vraiment où. À vrai dire, j'ai horreur de suivre les routes.
- Et voyez où ça vous a mené. »

Le sourire sous la capuche s'élargit.

« Eh bien, très franchement, je n'ai aucune idée d'où je suis. Vous pourriez m'éclairer là-dessus ?
- Vous êtes trop au sud, voyageur.
- Ah, c'est embêtant... cela dit, le soleil commence à dangereusement décliner, nota l'encapuchonné en levant les yeux vers l'astre du jour, et je n'aime pas voyager de nuit, vous comprenez...
- Ce sont les risques de l'aventure.
- Ah ? Vous connaissez, vous aussi ? »

Le fermier marqua une pause dans son travail, regardant dans le vague.

« ... Non, finit-il par dire faiblement.
- Quelque chose ne va pas ?
- ... Tout va bien, se ressaisit-il. Bon, ne restez pas planté là comme un gland. Mettez pied à terre et déchargez votre cheval. La pauvre bête a fait un long chemin.
- Où dois-je l'attacher ?
- Là-bas, dans l'écurie.
- Une écurie ? Vous avez des chevaux ?
- J'en avais, un. Il s'est envolé. »

L'encapuchonné observa un moment le fermier qui semblait se perdre tout à coup dans ses pensées, puis déchargea sa monture et l'emmena dans l'écurie. Il revint ensuite vers le fermier qui continuait de travailler la terre.

« Vous ne rentrez pas ?
- Installez-vous, je termine ça d'abord.
- Très bien. Merci. »

***

La maison était très simple, toute construite en planches. L'entrée débouchait sur la plus grande pièce, au centre de laquelle se trouvait une table relativement grande. À l'opposé de la porte se trouvait une cheminée sécurisée par de la pierre, assez grande pour se réchauffer devant et cuisiner dedans, mais tout de même modeste. La partie droite de la pièce consistait en divers buffets, et à gauche se trouvaient deux portes. La première était fermée à clé, cependant l'encapuchonné ne repéra aucune clé à proximité. La deuxième semblait être la chambre du fermier. Il y avait là un lit, une commode, et une table de chevet, guère plus.

***

« Je vois que vous avez pris vos aises.
- Vous tardiez, alors je me suis dit qu'une petite miche de pain ne vous manquerait pas.
- Croyez-moi, il nous a déjà manqué moins que ça. »

Le fermier alla d'un pas rapide et sûr à sa chambre, où il s'épongea d'un drap et enfila une tunique. L'encapuchonné, quant à lui, le regarda d'un air presque coupable, s'étant arrêté dans la mastication de son pain.

« Ne faites pas cette tête, je ne suis pour l'instant pas à ça près. »

Le voyageur poussa un soupir de soulagement, et retrouva son appétit.

« Vous pouvez retirer cette capuche, il ne fait bon ces temps-ci, ajouta le fermier en allant allumer un feu dans la cheminée. Alors, où allez-vous comme ça ?
- À Dol Amroth, répondit le visiteur entre deux bouchées de pain. Vous connaissez ?
- ... De nom.
- C'est une très belle ville, je suis sûr qu'elle vous plairait.
- Vous savez, moi, les grandes villes...
- Qu'avez-vous contre les grandes villes, monsieur ?
- ... Elles sont trop... grandes, finit-il par dire en s'asseyant à table. »

Le voyageur sourit, puis, finissant sa miche de pain, se leva.

« Je pense que je vais me coucher. Où est-ce que je dors ?
- Vous pouvez prendre ma chambre, je dormirai dans l'autre pièce. Mais vous n'avez besoin de rien d'autre ? Vous n'avez presque rien mangé.
- Non, mais vous, vous avez besoin de quelque chose.
- Pardon ? Quoi donc ?
- Vous avez besoin d'arrêter de vous cacher, Sire Beltaren. »

Une expression de surprise se fit voir sur le visage du fermier.

« Que dites-vous ?
- La fuite n'est pas une solution. Ce n'est pas vous cacher qui résoudra vos problèmes, Sire Beltaren.
- Ne m'appelez pas comme ça...
- Pourquoi donc ? N'était-ce pas votre rêve ?
- Mes rêves se sont envolés.
- Uniquement parce que vous les avez laissés s'envoler. Vous n'êtes pas responsable de tout le mal qui a pu se passer, vous savez. Vous êtes uniquement coupable de fuir la réalité. »

Beltaren frappa du poing sur la table, renversant sa chaise en se levant brusquement.

« Que savez-vous de ma culpabilité ? Que savez-vous de moi ?!
- Je sais bien des choses, Beltaren. En particulier sur vous.
- ... Qui êtes-vous... ? »

La voix de Beltaren se faisait de plus en plus tremblante.

« Vous n'avez pas autant de sang que vous le pensez sur les mains, Beltaren. Votre plus grand tort est d'avoir abandonné, une fois de plus. Vos rêves, comme vos amis.
- Taisez-vous...
- Oh ! ne fuyez pas notre conversation en plus du reste, jeune homme ! Qu'est-ce donc que cela ? Vous aviez plus de jugeote il y a quelques années. Et ne me dites pas que vous vous faites vieux, vous m'insulteriez.
- Que voulez-vous ? Pourquoi êtes-vous ici ?
- Vos rêves ne sont pas encore perdus, Beltaren. Faites ce qu'il faut pour les rattraper, ou bien vous vous en voudrez, et bien plus que vous ne vous en voulez maintenant.
- ... J'ai des obligations.
- Quelles obligations ? Vous n'avez d'obligations que celles que vous vous imposez. »

Beltaren se rassit, se prenant la tête dans les mains. Le voyageur alla à ses côtés, et posa sa main sur l'épaule du jeune homme.

« Tout n'est pas perdu, mon jeune ami. Pas encore. Alors réfléchissez-y cette nuit, et faites votre choix avant qu'il ne soit trop tard. »

Puis, il se dirigea à nouveau vers la chambre.

« Vous ne me verrez sûrement pas demain, je compte partir avant le lever du soleil. Mais n'oubliez pas notre conversation, et n'oubliez pas vos rêves, Beltaren. »

***

Un moment passa pendant lequel Beltaren resta immobile, assit devant sa table. Plusieurs minutes ? Dizaines de minutes ? À moins que ce ne furent des heures ? Quoi qu'il en soit, à la lueur de la cheminée, Beltaren finit par se lever pour aller chercher une bouteille à moitié pleine dans le buffet. Il y bu une gorgée, puis grimaça. Il observa alors la bouteille, se demandant comment son père avait fait pour en boire autant comme si c'était de l'eau.
Malgré tout, il emporta la bouteille avec lui à table, et continua de la boire au goulot. Il repensa à tout ce qui l'avait mené jusque-là, à ses rêves d'enfant, à ses mauvais moments... surtout à ses mauvais moments. Et puis, au bout de plusieurs gorgées, parmi les souvenirs sombres, il trouva de la lumière. Des visages amicaux, un sourire rayonnant, la saveur d'un baiser désiré...
Ses yeux se fermèrent malgré lui, pris qu'il était dans la douceur de ce souvenir. Et lorsqu'ils se rouvrirent, il resta là, un moment, à regarder dans le vide. Puis, il se leva, laissant la bouteille dans laquelle il ne restait qu'un fond là où elle était, déverrouilla la porte de ce qui était la chambre de ses parents, se laissa tomber dans le lit, et s'y endormit presque instantanément, pour y faire des rêves tourmentés.
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« Répondre #1 le: 2012-10-19, 14:18:27 »

Migraine. Ouvrir les yeux demandait une concentration assez conséquente, et n'était pas sans douleur. Il aurait voulu continuer de dormir, mais la migraine rendait tout nouveau sommeil impossible. Alors il resta là, sur le dos, face au plafond de planches, à attendre de voir correctement sans avoir la tête qui tourne.
Les minutes défilaient, il devait déjà être tard, il avait du travail qui l'attendait. Mais qui s'en souciait ? Pas lui, en tout cas. Il était allongé sur le lit, comme un pantin désarticulé qu'on aurait laissé là, et il attendait, sans trop savoir quoi.
Au bout d'un moment qui lui sembla durer une éternité, il prit conscience qu'il était parfaitement réveillé, et fixait le plafond sans bouger. Son premier geste fut de se frotter le visage en baillant, son deuxième fut de tourner la tête vers la droite.
Il mit un moment à réaliser ce qu'il regardait. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas déverrouillé cette pièce, s'efforçant d'oublier ce qu'il y avait dedans. Mais il n'était à présent plus possible d'ignorer l'armure sur laquelle s'étaient posés ses yeux. Là encore, il resta un moment à la contempler, avant de se convaincre qu'il était temps de se lever, qu'il était assez resté au lit comme ça.
La meilleure des choses à faire était de se lever, de franchir cette porte, de la verrouiller à nouveau, et de ne plus l'ouvrir. À la suite de quoi il pourrait revenir à cette vie qu'il n'aurait jamais dû essayer de quitter, à ce qui était devenu une vocation familiale. Au lieu de ça, il s'approcha de l'armure, laissant le bout de ses doigts glisser le long du casque.
L'armure tenait sur une sorte de mannequin qu'il avait construit à base de grands bâtons qu'il avait taillés et attachés ensemble. Il avait appuyé son bouclier contre le bas des jambières de son armure, et son épée était placée au flanc droit de l'armure.
Ses doigts se resserrèrent autour de la garde de l'épée, puis, après un moment d'hésitation, il la tira du fourreau et la contempla. L'arme à la main, des souvenirs comme des rêves lui revinrent, et il se laissa prendre dans cette rêverie avec un léger sourire béat.
Et puis, peu à peu, il revint à la réalité. Son sourire disparut, et il rengaina l'épée. Il détourna alors son regard de l'armure et retourna à la porte, qu'il referma derrière lui après un moment d'hésitation et un dernier regard à l'intérieur.

***

Il était midi passé quand il reprit le travail. Ce n'était pas sérieux, mais c'était exceptionnel. Lui qui se levait chaque jour aux aurores, il pouvait bien se permettre cet écart, surtout après ce qui s'était passé la veille.
Mais mieux valait ne pas y penser.
Chaque jour, c'était le même programme. Chaque jour, pour travailler, il s'attachait les cheveux de la même manière  négligée. Chaque jour, il mettait une chemise sans manches en prévision de la chaleur. Chaque jour, il finissait par la retirer car il faisait trop chaud avec.
La vie à la ferme l'avait changé. Il était devenu ce qu'il devait devenir. Il ressemblait chaque jour un peu plus à son père. Un corps chaque jour plus musclé, une barbe chaque jour moins entretenue, des cheveux chaque jour plus longs, un teint chaque jour un peu plus hâlé. Seuls ses yeux le différenciaient réellement de son père, à présent. S'ils avaient été marrons, on aurait réellement cru voir Belaran à l'aube de sa trentaine.

***

À peine une heure après le début de sa journée, une orage survint de nulle part. En quelques minutes, le grand soleil se cacha derrière une petite bruine qui se changea à son tour en une violente pluie qui força Beltaren a rentrer.
Installé dans une chaise devant la porte grande ouverte, Beltaren regardait tomber la pluie en fredonnant les chansons qu'il avait entendu dans son enfance. À sa bouche, il avait la vieille pipe de son père. Il n'en fumait pas, mais inexplicablement, cela l'apaisait d'observer la pluie avec. S'il semblait perdu dans ses pensées, ce n'était pas réellement le cas. Il profitait du son de la pluie ponctué par le tonnerre pour se vider l'esprit en savourant l'air frais que la pluie apportait.
Cependant, quelque chose le tira de ses pensées. Un son entre deux coups de tonnerre. Quelque chose qui ressemblait à un hennissement.
Il tendit l'oreille, mais aucun autre bruit que celui de l'orage ne lui parvenant, il pensa que son esprit lui jouait des tours. Et puis, il l'entendit à nouveau, et cette fois-ci, il se leva pour aller au seuil de la porte. Un troisième hennissement se fit entendre, et il en fut certain. Il y avait bel et bien un cheval dans l'écurie.
Il traversa la distance qui séparait l'écurie de la maison sous la pluie, et arrivé là-bas, remarqua un mot accroché par un couteau à la porte de l'écurie. Le papier avait été trempé par la pluie, mais restait lisible.

Citation
Mon cher Beltaren,

J'espère que notre petite conversation d'hier soir vous a fait réfléchir. J'ai conscience que les événements récents n'ont sûrement pas été vos plus joyeux, mais vous ne devez pas vous arrêter là pour autant. Vous êtes encore jeune, vous avez la vie devant vous. Ne la gâchez pas en remords infondés et en vous punissant vous-même injustement.
Au passage, je vous ai laissé un cadeau, je crois que vous le connaissez bien. Prenez-en soin, il le mérite.

Le message était signé d'un symbole que Beltaren n'avait jamais vu auparavant. Il relit plusieurs fois le mot, perplexe, avant de se décider à ouvrir l'écurie.

L'intérieur était sombre à cause de l'orage, mais il était toujours aisément possible de voir. Au fond, Beltaren distingua un cheval dont la robe était relativement claire, qui se leva à son entrée. Il hésita un moment, et puis s'approcha pour le voir de plus près. Le cheval approcha son museau du fermier, alors que le soleil perçant à travers les nuages gris vint éclairer la scène.

« Rêve... ? »

Beltaren tendit une main hésitante vers le museau du cheval qui accueillit avec une satisfaction visible la cajolerie. Une larme perla au coin de l'œil du fermier.

« Mon vieil ami... »

***

Quelle agréable sensation que celle de se laisser flotter à la surface d'un étang, les yeux fermés, et de laisser son esprit s'évader des contraintes du quotidien. Cela faisait une éternité que Beltaren n'était pas revenu ici, et maintenant qu'il y était, il pouvait ressentir à quel point ça lui avait manqué.
Non loin de là, Rêve s'était installé, attendant que son maître revienne. Beltaren l'avait libéré de son harnais et l'avait laissé au bord de l'étang avec ses vêtements. L'eau fraîche recouvrait partiellement son corps dénudé, et ses cheveux longs détachés se mouvaient à leur guise. Il se sentait serein.

Quelle agréable sensation...
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« Répondre #2 le: 2012-10-19, 23:13:23 »

Sa vision était floutée. Il distinguait difficilement le bruit de sa propre respiration. Tout défilait si vite. Il était en train de courir.
Tout autour de lui, il entendait des voix. Certaines railleuses, certaines plaintives, ou simplement des cris. Des cris de femmes.
Il sentait le souffle lui manquer. Le chemin arrivait à un angle. Ne daignant pas ralentir, il rentra dans la mur en tournant. Son épaule droite était maintenant douloureuse, mais il ne s'en soucia pas plus que de son souffle. Il devait continuer.
Cette ruelle semblait interminable, et il continuait de courir. Son champ de vision baissait de plus en plus au fur et à mesure que la fatigue grandissait. À tel point qu'il ne vit pas l'obstacle avant de se prendre les pieds dedans.
Il tomba lourdement par terre, sa tête heurtant violemment le sol, et il fit un roulé-boulé.
Sur le dos, le visage grimaçant, il toussa, puis porta sa main à sa front pour constater qu'il saignait. Il toussa une nouvelle fois, laissa un instant sa tête retomber sur le sol froid et sale en regardant le ciel à peine visible de cette ruelle, puis il tenta de se redresser pour voir sur quoi il avait trébuché.
Tout juste debout, il fut pris d'un vertige qui le força à le rattraper, pour ne pas dire s'écraser, sur le mur d'en face. Sa tête tournait, mais il était toujours assez lucide pour remarquer le liquide rouge au sol, dont une bonne partie de ses vêtements étaient imprégnés à présent. Du sang. Du sang qui avait pour origine l'obstacle sur lequel il avait trébuché. Un cadavre. Et un cadavre qu'il ne connaissait que trop bien.
Il ferma les yeux, puis les rouvrit.
Il était à présent devant une assez grande bâtisse en bois, très rudimentaire, au milieu de nulle part. La bâtisse était en feu. Des cris se faisaient entendre de l'intérieur. Il n'y prêta pas attention, il observait simplement le bois s'embraser. Son regard suivit ensuite un homme dévoré par les flammes qui sembla jaillir de la bâtisse en courant vers lui avant de trébucher et de se rouler par terre, en vain. Une fois toute vie ayant quitté l'embrasé à ses pieds, il tourna les talons, ignorant les cris de douleur et de terreur derrière son épaule, une torche à la main.
Il ferma à nouveau les yeux.
Lorsqu'il les rouvrit, il faisait sombre. Trop sombre. Cependant, l'environnement était familier. Un bruit dehors le fit repousser les couvertures pour se lever. Il fit quelques mètres, passa une porte, de nouveau quelques mètres, passa une autre porte, regarda sur sa droite, et se figea. Au loin se tenait quelque chose d'inhabituel. Une silhouette de femme, la tête baissée, dont les pieds ne touchaient pas le sol. On distinguait très vaguement que quelque chose reliait la partie supérieure du corps à une branche de l'arbre, et un tabouret renversé.
Il ferma encore les yeux.

Beltaren se réveilla en sursaut, haletant et couvert de sueur. Ses yeux grands ouverts scrutaient avec une pointe de frayeur l'environnement sombre de la chambre. Il se frotta le visage, et passa sa main dans ses cheveux, sa respiration se calmant de seconde en seconde. Dehors, on entendait le bruit de la pluie.
C'était toujours le même cauchemar.
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« Répondre #3 le: 2012-10-22, 21:58:30 »

C'est peu de temps après le lever du soleil que Beltaren termina de sangler Rêve. Le fermier avait fini par prendre une décision. Il avait raccourci la longueur de ses cheveux qu'il avait attachés en queue de cheval et s'était rasé, ce qui ne faisait que davantage ressortir l'expression grave qu'arborait son visage. Des doutes, il n'avait que ça. Il doutait de la pertinence de son choix, de sa capacité à réintégrer un monde qui n'était initialement pas le sien. Il remettait en question son courage et sa force, ainsi que le déroulement de sa vie. Mais il n'en revenait pas pour autant sur sa décision. Rester était inutile. Il était toujours persuadé qu'il n'aurait jamais dû quitter la ferme, mais les évènements l'avaient emmenés à un point où son existence en tant que fermier n'avait plus lieu d'être. Il aurait dû rester à la ferme pour continuer d'aider ses parents en compagnie de son frère, mais y rester seul en sachant bien qu'une fois mort elle tomberait en ruines était inutile. Il devait aller de l'avant.
Il avait déjà tout préparé pour le voyage. Il ne s'arrêterait dans aucune ville sur le chemin. Il avait besoin de temps pour réfléchir, pour s'adapter, une fois de plus. Il n'était même pas sûr d'où il avait envie d'aller pour l'instant. La seule chose dont il était sûr, c'était qu'il devait quitter cette ferme qui allait le rendre fou.
Rêve était sellé, les provisions étaient prêtes, il ne manquait plus qu'un chose. Beltaren marqua un temps d'arrêt devant la porte close en observant la clé. S'il entrait, s'il enfilait à nouveau cette armure, il ne pourrait plus faire marcher arrière. Il ne se le permettrait plus. Ses yeux se fermèrent presque malgré lui alors que chaque souvenir qu'il avait encore en tête lui revint, du plus gai au plus sombre. Il les revécut tous en accéléré, dans le silence de la maison uniquement troublé par le bruit de son souffle paisible.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, la porte était ouverte.

Remettre l'armure était une expérience étrange. Elle était un peu plus lourde que ce dont il se rappelait, mais il n'avait pas la moindre difficulté à la porter. Et quand il l'eut entièrement enfilée, il eut l'impression de ne jamais l'avoir quittée. Elle lui donnait un sentiment de puissance qui contrastait avec son sentiment de faiblesse. Il s'y sentait bien.
Il fit plusieurs pas, plusieurs mouvements avec pour s'y réhabituer avant d'empoigner son épée et son bouclier. Il ne dégaina pas la lame. Il ne l'attacha même pas à son ceinturon. Le nécessaire en main, il retourna à sa monture pour les attacher à la selle. Rêve était un cheval robuste, il serait capable de transporter tout ça sans trop de problèmes.
Lorsqu'il fut prêt à partir, Beltaren passa une dernière fois dans la maison à la fois pour vérifier qu'il n'avait rien oublié, et pour la graver dans sa mémoire. Il n'avait plus de raisons de revenir, il ne le ferait sûrement pas. Après un rapide tour, il sortit et ferma la porte, dont il cacha la clé dans un trou dissimulé à l'intersection entre le toit et le mur. Puis, il monta en selle.

Arrivé en haut de la colline la plus haute des environs, il se retourna pour observer une dernière fois la ferme qu'il abandonnait. Son regard glissa le long de ce que son père aimait appeler leur fief, pour terminer sur la souche d'un arbre abattu non-loin de la maison.
Sur cette vision, il se remit en route.
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