Matin de cendres à Calembel

[Bragelonne]

Il est encore bien tôt sur la place du village de Calembel, mais on y compte déjà une quinzaine de personnes, fourbues ou l'air hagard. La nuit entière a été passée à se battre contre l'ennemi. S'il restait quelqu'un en ayant la force, ce serait peut-être l'émeute. Mais à quoi bon ? On ne comprend pas. Et on est trop fatigué pour comprendre. La colère naitra peut-être plus tard ; pour le moment, les bras se reposent.

Après le Père Chomnor et la famille Lancaster, c'est la veuve Hautin qui se retrouve sans le sou. Il va falloir s'organiser pour l'aider, sinon avec l'hiver, ce sera intenable.

Cette nuit, pour la cinquième fois ce mois-ci, un feu a pris au beau milieu d'un champ. Il n'en reste plus rien.

[Bragelonne]

Les messages prennent du temps à parvenir à Minas la Blanche, et les autorités ont l'esprit tourné vers Bree, ou vers le Sud lointain.

En attendant Calembel est désormais en flammes, et la population a fui vers Tavrost, où l'on guette avec inquiétude ces maudits feux.

Aucun chargement de blé, de fruits ou de viande n'arrivera cette année de Calembel...

Et les forêts du Gondor s'emplissent de flammèches, d'étincelles et de ricanements, pour la plus grande joie des allumeurs de feux.

[Tiramankan]

Surprise
Ce fut la sensation qui traversa l'esprit de Sunjata le jour ou on lui dit de se rendre à Calembel,au lieu de partir en expédition.
D'un geste rapide,fier,il dégainait l'estoc,quand un officier vint le voir,et demanda à ce que le forgeron parte de suite vers le village de Calembel.
Sunjata voulut contester,mais l'ordre venait d'en haut et il était de toute manière inutile de discuter.
A quelques heures près,il aurait pu tirer l'épée contre des créatures inconnues,et là,il se retrouvait à préparer des vivres pour un très long voyage jusqu'à un village de fermiers.
Il grogna légèrement,puis partit le plus vite possible vers le village ou disait-on,de drôles de choses se passaient.

Il s'y rendit après bien des aventures,comme la fois ou il dû se battre contre un brigand qui lui laissa bien des cicatrices...
Déjà une semaine avant de poser le pied au village,il fit la rencontre de femmes complètement paniquées. Beaucoup de mots communs à chacune sortaient de leur bouche :

- Le village ! En feu !
- Toi,cavalier,que fais tu alors que les récoltes brûlent hein ?

Sunjata ne parla que pour leurs lancer des phrases encourageantes...
Il sourit cependant,sans trop savoir pourquoi,sans doute cette attitude était causée par le fait de ne pas avoir fait le chemin pour rien

Là-bas,le spectacle sinistre qui s'offrait à lui le rendit sans voix.
Les récoltes...Quelles récoltes ? Il n'en restait rien,du moins rien qui définissait ce mot.
Le village brûlait devant lui si rapidement...Que pouvait-il faire,seul ?
Il regardait le sol,pensif. Des sceaux étaient laissés là,perdants face à un si redoutable adversaire.
Les gens qu'ils croisaient s'enfuyaient les bras au ciel,criant des sons incompréhensibles.
Il resta là bien longtemps,trop longtemps,avant de commencer à agir.
Il demanda à tout le monde de partir immédiatement vers Tavrost,même s'il savait qu'il n'en resterait rien non plus très bientôt...

Des fermiers courageux lui vinrent en aide,aidés par un esprit rageur qui leur disait de se battre contre l'ennemi qui leur avait pris pour tout ce pour quoi ils avaient vécu...
L'un deux vint près de lui et lui demanda,avec une lueur d'espoir dans les yeux :

- Messire ! Je crois que nous progressons ! Nous allons vaincre ce diable de feu !

Sunjata baissa la tête. Une maison venait de s'effondrer...