Auteur : John Howe
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Turambar  |  Rôle-Play - Quatrième Âge  |  Forum des Backgrounds  |  Fil de discussion: Tancrède
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Auteur Fil de discussion: Tancrède  (Lu 3040 fois)
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Elsie
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« le: 2010-03-11, 21:29:50 »

Tancrède était un homme singulier à plus d’un titre.

Il était né au sud de Pélargir, vers l’an 95 du quatrième âge. La cité avait cruellement souffert jusqu’à la guerre de l’anneau. La paix l’avait fondamentalement changé. Si elle n’était plus aussi opulente qu’avant, elle était aussi plus tranquille. Même si elle était encore en butte à des attaques de brigands, ça n’avait plus grand-chose à voir avec les raids d’alors… Et bien qu’il n’y ait plus personne de vivant pour pouvoir clairement comparer, tout le monde en avait entendu parler et  personne ne regrettait un passé certes glorieux, mais extrêmement douloureux..

Tancrède naquit donc, dans une famille de petite mais vieille noblesse ou, à défaut de luxe ostentatoire, on tenait rigoureusement son rang. Il était l’aîné d’une fratrie de filles. Les espoirs des siens reposaient donc sur ses épaules. C’était peut-être beaucoup pour un jeune homme rêveur dont le désir le plus cher était de devenir artiste peintre…

On se doute que ce n’était pas vraiment du goût de ses parents pour lesquels cette vocation était synonyme de vie courte, dissolue, s’achevant en général dans l’alcool, l’absinthe et les quintes de toux de la phtisie. Il va de soi qu’aucun membre de sa famille ne connaissait la réalité de la vie d’atelier, mais ils avaient leur opinion, comme sur tout un tas de choses qu’ils ne connaissaient pas d’avantage. Si sa mère, douce créature soumise, acceptait qu’à la rigueur, il en fasse son passe temps, son père en était effaré, craignant que cette passion ne détourne son fils de la gestion du domaine. Il est vrai que tenir un fief, si petit soit il est un travail relativement ardu. Et le père était autoritaire...   

Tancrède coupa la poire en deux en s’engageant dans la garde. En apparence. Car sous le prétexte de mener une respectable carrière militaire et de rentrer au domaine auréolé du mérite d’avoir servi son pays, la garde lui permettait, à ses heures perdues, de travailler son dessin et de voir du pays en se faisant muter un peu partout … sauf à Pélargir, bien sûr. Jusqu’au jour ou, obligé de rendre une visite minimale à sa famille, il fut coincé sur la route dans un embouteillage : un charriot s’était embourbé, un autre avait cassé un essieu en essayant de passer sur le coté (quel imbécile ! ne pouvait il attendre ?).  D’autres s’attardaient pour voir ce qu’il se passait.

Le charriot embourbé était occupé par trois femmes. Une jeune fille, sa mère et sa grand-mère. La jeune fille était ravissante, blonde, les yeux verts luisants d’un feu vif et qui, si elle avait le teint un peu halée des filles qui vivent au grand air, n’en arborait pas moins pour autant un port altier. Si bien qu’il se demanda un instant si ce n’était pas là quelque demoiselle en exil d’un lignage déchu. Et son esprit quelque peu romantique s’affola. Ni une, ni deux, il se défit de son surcot de garde pour aller porter assistance  à cette famille dont les ennuis lui importaient soudainement beaucoup…
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"Je ne suis pas vraiment libre si je prive quelqu'un d'autre de sa liberté. L'opprimé et l'oppresseur sont tous deux dépossédés de leur humanité."
Nelson Mandela. Un long chemin vers la liberté
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Eïlenel, fille de Yoni et  de Laegnaur Fizur
145 ans passés à faire suer son monde Spécial Moumix...
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« Répondre #1 le: 2010-03-12, 13:46:03 »

Elle se nommait Lyra. Et si elle n’était pas aristocrate, sa famille n’en était pas moins porteuse d’héritages divers et fascinants. Le mystère de la demoiselle était encore accru par les secrets et les rumeurs qui entouraient les siens et leur étrange mode de vie.  Le jeune homme les fréquenta tout le temps qu’ils passèrent à Pélargir. Ni la mère ni la grand mère ne semblaient s’offusquer qu’il fasse clairement sa cour à la jeune fille.
Plusieurs fois il eut l’occasion de s’entretenir avec la Grand-mère de Lyra. Une femme impressionnante tant physiquement qu’intellectuellement. Ils causèrent de toutes sortes de choses. Musique, peinture, philosophie et bien sûr, de leurs familles respectives. Mais il sentait que, pendant ces conversations,  elle le jaugeait avec une certaine acuité. Et ça le mettait mal à l’aise.

Eïlenel avait elle pressenti ce qui devait suivre ? Il ne le sut jamais. Toujours est il que, quand il annonça à ses parents son désir d’épouser Lyra, son père eut une réaction si violente qu’il crut qu'il allait se faire mettre en pièces ! Il était déjà fiancé depuis l’enfance à une demoiselle de fort beau lignage, il était hors de question qu’il aille se mésallier avec cette fille issue de sorcières suderonnes !

Oui, le père de Tancrède n’était connu ni pour son tact, ni pour son sens de la tolérance.  Que plus d’un siècle se soit écoulé depuis la paix ne l’empêchait pas de regarder avec horreur tout ce qui venait du sud. Lyra était également l’arrière petite fille d’un rodeur éminent du temps de la guerre, mais ça ne comptait pas à ses yeux : ce sang était irrémédiablement souillé par la le ventre des noiraudes…

Tout ceci, il le dit à son fils. La délicatesse en moins. Le jeune homme claqua la porte.

Quand elle apprit que Tancrède avait échoué à obtenir la bénédiction paternelle, Eïlenel  sut que Lyra allait au devant d’une immense déception. La jeune fille était éperdument éprise. De nombreuses conversations eurent lieu à ce sujet. Toutes houleuses. Jusqu’au clash final qui vit Lyra quitter les siens, fermement décidée à ne plus jamais rien leur demander. Elle ne le savait pas encore, mais elle ne devait plus jamais les revoir.

Elle retrouva son amant et ils prirent la décision de partir ensembles. Ils parcoururent donc le pays, vivant la vie de Bohême. C’était difficile, mais ils étaient heureux, jeunes, Tancrède avait du talent et Lyra était belle. Elle  l’inspirait et il tenta plus d’une fois de saisir, sous son pinceau, l’ovale parfait de son visage, la nuance d’or de ses cheveux, la courbe serpentine de ses hanches rondes comme une lune pleine…

Ils vécurent ainsi plusieurs années. Tancrède commença à vendre des toiles.
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« Répondre #2 le: 2010-03-16, 12:27:27 »

Le jeune peintre était particulièrement doué dans les portraits et plusieurs commandes bien payées s’étaient enchainées.  Tancrède avait attiré l’attention, par son talent, de plusieurs esthètes fortunés. Le jeune couple pouvait espérer à terme une situation moins précaire. Mais ce n’était pas encore gagné.

Le sort est parfois farceur son humour est très discutable. Deux événements devaient faire pencher la balance du mauvais coté. D’abord, la mère de Tancrède mourut subitement. Ensuite, Lyra tomba enceinte.

Son père ne se priva pas de souligner devant un Tancrède effondré que la dernière volonté de la défunte était de voir son fils rentrer dans le rang et épouser la gentille fiancée qu’on lui avait destinée. La famille du jeune homme se ligua littéralement contre lui, à un instant ou, particulièrement vulnérable, il n’était pas en état de faire un choix réfléchi. D’un coté, il y avait la volonté d’une mère aimée et trop tôt disparue, l'Honneur, le devoir (selon le point de vue paternel, bien sûr). De l’autre, il y avait un avenir incertain, avec son amante et un jeune enfant à nourrir. Pourrait-il assumer ? Sa carrière démarrait, mais elle pouvait s’arrêter: le milieu artistique est aussi impitoyable que les autres et les nouveaux venus dérangent les artistes établis…

Il résista un temps aux pressions. Puis, il essaya encore de « couper la poire en deux ». S’il devait vraiment quitter Lyra, du moins ne pouvait il pas la laisser seule dans son état. Bien sûr, elle aurait pu retourner dans sa famille, mais il savait qu’elle ne le souhaitait pas et l’abandonner totalement était une infamie à laquelle il ne pouvait se résoudre.

Quelque chose se brisa, entre eux, quand il lui fit part de tout ceci. Lyra l’aimait, certes, mais elle était née au sein d’une famille de femmes fières (trop fières, peut être, pensait Tancrède). Elle accepta sa proposition, un emploi d’intendante du domaine, qu’il avait négocié avec son père. Elle s’était promis de ne pas retourner chez les siens, aussi avait elle l’impression de ne pas avoir de réel choix. Peut être aussi désirait elle mettre son ancien amour face à ses responsabilités. Cet emploi préservait en tout cas sa fierté : elle ne recevrait pas l'aumône mais serait rémunérée pour ses services. Mais elle lui signifia aussi leur rupture immédiate et définitive. Même s’il s’y attendait, il n’avait pas prévu qu’elle serait si dure, si froide. Il sentit qu’elle ne lui pardonnerait jamais et son cœur en fut brisé. Un mur s’érigeait maintenant entre eux.

Il épousa la jeune Isolde. Elle devait offrir à son nom des enfants légitimes sur lesquels ne planeraient  pas la honte d’ancêtres interlopes. Miya naquit quelque mois plus tard. Et Tancrède commit sa seconde faute : il ne reconnut pas l’enfant. Il l’aurait voulu, mais par égard pour sa jeune épouse, il préféra s’abstenir. Elle avait deviné, et en était profondément humiliée. D’autant plus que ce n’était pas un garçon et que son père à lui était encore en vie. Non. Reconnaitre la petite Miya était inconcevable. Même s’il veillait à ce qu’elle ne manque de rien. Même s’il venait, parfois, visiter l’enfant et s’émerveillait devant cette petite chose vagissante et fragile. Il se sentait profondément père et en était frustré.

Lyra fut plus distante encore avec lui, lui faisant clairement sentir sa désapprobation. C’est à peine si, les voyant parler ensembles de la gestion du domaine, on aurait pu déceler une familiarité quelconque entre eux. Il en souffrait, mais il savait que c’était justice. Il lui était déjà reconnaissant de ce qu’elle le laisse approcher sa fille.

Les saisons passèrent. Miya grandissait. Elle ressemblait beaucoup à sa mère, au grand soulagement de la famille de Tancrède. Lui restait émerveillé devant « La petite ». Isolde ne tombait pas enceinte et déprimait lentement. La belle jeune fille joyeuse qu’elle avait été s’aigrissait d’être mariée à un homme qui avait certe pour elle le plus grand respect, mais qui ne l’aimait pas. Elle sentait qu’elle aurait pu l’aimer si elle n’avait pas du croiser tous les jours une rivale. Peu lui importait que Lyra ne soit plus, depuis longtemps, la maitresse de son époux. Elle l’avait été et la renvoyait en outre à la crainte qui croissait en elle, celle d’un ventre infécond qui la ravalerait définitivement au rang de faire valoir…

Le Père de Tancrède mourrut enfin. Tancrède en fut un peu triste tout de même. Lyra, elle, ne le regretta que fort peu.
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